Trois mois après leur dernière rencontre fin septembre, Binyamin Netanyahou et Donald Trump se sont retrouvés lundi soir dans la résidence de villégiature présidentielle de Mar-a-Lago, en Floride. Loin du formalisme de la Maison Blanche, cette sixième rencontre depuis le retour de Trump au pouvoir en janvier 2025 a permis d'aborder l'ensemble des dossiers brûlants du Proche-Orient : Gaza, Iran, Syrie, Liban et Turquie.
Gaza : la course à la phase 2 malgré les zones d'ombre
Dès l'ouverture de la rencontre, le président américain a fixé le cap : "Nous devons avancer le plus rapidement possible vers la phase 2" de l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Mais Trump a immédiatement posé sa condition : "Il faut désarmer le Hamas." Cette exigence, répétée à plusieurs reprises au cours de la soirée, s'accompagne néanmoins d'une ambiguïté majeure. "Ils auront un court délai pour se désarmer et nous verrons comment cela progresse", a précisé le président, sans toutefois mentionner de calendrier précis.
Le chef de l'exécutif américain s'est même montré menaçant : "S'ils ne se désarment pas comme ils l'ont accepté, ils en paieront le prix. Il y a 59 pays qui veulent éliminer le Hamas."
Néanmoins le sort du dernier otage israélien décédé, Ran Gvili, reste incertain. Ses parents, présents à Mar-a-Lago, ont rencontré Trump qui leur a promis : "Je vous le ramènerai." Pourtant, le président ne semble pas vouloir conditionner la transition vers la phase 2 à ce retour, une approche qui inquiète Jérusalem.
La carte turque : Erdogan dans Gaza ?
L'une des principales surprises de la soirée concerne la Turquie. Donald Trump a ouvertement évoqué la possibilité de déployer des forces turques dans la Bande de Gaza pour stabiliser le territoire. "Si c'est bon, je pense que c'est bon. Et beaucoup dépendra de Bibi", a-t-il déclaré, laissant entendre qu'il entend impliquer Ankara dans la force de stabilisation, quitte à devoir convaincre Netanyahou.
Cette perspective paraît pour le moins délicate. Le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les comparaisons entre le Premier ministre israélien et Hitler. Interrogé sur ce point par le média israélien Ynet, Trump a balayé la difficulté d'un revers de main : "Erdogan est un bon ami, Bibi le respecte. Il n'y aura pas de problème entre eux." Le président américain a même ajouté envisager la vente de chasseurs F-35 à la Turquie, tout en rassurant : "Ne vous inquiétez pas, ils ne les utiliseront pas contre vous."
À Jérusalem, ces déclarations suscitent des inquiétudes.
Iran : entre menaces immédiates et ouverture diplomatique
Sur le dossier iranien, Donald Trump a adopté un discours mêlant fermeté et pragmatisme. Le Président a affirmé avoir reçu des informations selon lesquelles Téhéran tenterait de relancer ses programmes balistiques et nucléaires après les frappes américaines. Sa réponse est graduée : "S'ils continuent le programme de missiles balistiques - oui, nous frapperons. S'ils relancent le programme nucléaire - nous le ferons immédiatement."
Dans le même temps, Trump a laissé entendre qu'un accord restait possible. "J'entends dire que l'Iran veut parvenir à un accord. S'ils le veulent, c'est beaucoup plus intelligent", a-t-il déclaré, ajoutant que la République islamique "regrettait" d'avoir refusé de négocier avant les frappes américaines. Le Président a toutefois refusé de se prononcer sur un éventuel changement de régime à Téhéran.
La réaction iranienne n'a pas tardé. Le conseiller du Guide suprême Ali Khamenei, a averti que "toute agression recevra une réponse dure et immédiate qui dépassera l'imagination de ses planificateurs." Téhéran a souligné que ses "capacités de missiles et de défense ne nécessitent pas d'autorisation."
Syrie et Liban : pragmatisme et attentisme
Concernant la Syrie, Trump a défendu le nouveau dirigeant Ahmed al-Sharaa : "Un président fort, c'est ce dont la Syrie a besoin. On ne peut pas mettre une personne parfaite." Le président américain s'est dit confiant sur un rapprochement entre Damas et Jérusalem, soulignant le rôle positif joué par la Turquie dans "l'éviction des méchants" du régime précédent.
Netanyahou a pour sa part réaffirmé l'objectif israélien : "Notre intérêt est qu'il y ait une frontière de paix avec la Syrie. Nous voulons nous assurer que la frontière soit sécurisée, sans terroristes."
Sur le Liban et le désarmement du Hezbollah, Trump s'est montré plus évasif. "Le gouvernement libanais est en position d'infériorité face au Hezbollah. Le Hezbollah se comporte mal - nous verrons ce qui se passera", a-t-il simplement déclaré.
Le Prix d'Israël et l'affaire de la "grâce"
La soirée a également été marquée par deux annonces plus protocolaires mais non dénuées de portée politique. Israël a décidé d'attribuer à Donald Trump le Prix d'Israël, une première pour un non-Israélien. "Trump a brisé tellement de conventions, alors nous avons décidé de faire de même", a justifié Netanyahou. Le président américain, "très surpris", a indiqué qu'il envisageait de se rendre en Israël pour recevoir le prix pour Yom Haatsmaout.
Plus embarrassante a été la séquence sur une éventuelle "grâce" pour Netanyahou. Trump a affirmé avoir discuté du sujet avec le président israélien Itshak Herzog et que celui-ci lui aurait dit que "c'était en cours." Démenti immédiat du bureau présidentiel israélien : "Il n'y a eu aucune conversation entre les deux Présidents depuis le dépôt de la demande de grâce." Le porte-parole a précisé qu'un représentant de Trump s'était simplement renseigné sur les procédures en vigueur.
La soirée a été ponctuée par des déclarations d'amitié - "Israël n'a jamais eu d'ami comme Trump à la Maison Blanche", a assuré Netanyahu ; "Sans Bibi, Israël n'existerait pas", a rétorqué le président américain.
En clôture de la soirée, Trump a laissé planer le mystère : "Nous sommes parvenus à de nombreux accords. Il pourrait encore y avoir quelques surprises d'ici la nouvelle année."
Netanyahou a obtenu du Président Trump ce qu’il était venu chercher: une image de l’entente parfaite entre les deux dirigeants, un feu vert pour une frappe en Iran et une promesse de désarmement du Hamas à Gaza.
POUR S'INSCRIRE A LA NEWSLETTER QUOTIDIENNE ET AVOIR ACCES AUX INFORMATIONS EN UN COUP D'OEIl CLIQUEZ ICI : https://israj.media-j.com/newsletter
POUR RECEVOIR NOS INFORMATIONS EN DIRECT SUR WHATSAPP CLIQUEZ ICI http://tiny.cc/IsrajInfoIsrael