Ce classement, largement suivi par les décideurs publics et les investisseurs, évalue la capacité des États à développer, encadrer et déployer l’intelligence artificielle. La progression israélienne reflète à la fois une forte adoption sociétale des technologies d’IA et un rattrapage tardif mais réel de l’action gouvernementale, après plusieurs années de flottement stratégique.
La hausse dans le classement s’explique principalement par l’amélioration de deux paramètres clés : l’environnement opérationnel et la politique publique. Israël a commencé à combler ses retards en lançant une coordination nationale dédiée à l’IA, en avançant sur la régulation et en posant les bases d’une stratégie étatique plus lisible. Ces évolutions ont permis de réduire l’écart avec les pays les mieux classés, même si le processus reste inachevé.
La comparaison avec Singapour, classée troisième, met en évidence les limites du modèle israélien actuel. Les deux pays partagent des caractéristiques proches — petite taille, absence de ressources naturelles, forte dépendance au capital humain — mais leurs trajectoires divergent.
Là où Israël s’appuie largement sur l’initiative privée et l’agilité de son écosystème de start-up, Singapour a mis en place dès 2019 une stratégie nationale structurée, renforcée en 2023. Cette approche repose sur une planification précise, l’intégration massive de l’IA dans le secteur public et l’utilisation d’outils réglementaires flexibles permettant aux entreprises d’expérimenter rapidement.
Le principal frein à l’ascension israélienne demeure celui des infrastructures de calcul. La révolution de l’IA repose sur des capacités massives de traitement, en particulier sur les GPU, majoritairement produits par NVIDIA.
Israël dispose aujourd’hui du supercalculateur israel-1 et a récemment lancé un supercalculateur national, exploité par Nebius, des avancées qui ont contribué à l’amélioration du classement. Toutefois, l’échelle reste sans commune mesure avec celle des grandes puissances technologiques. Le parc israélien compte environ 4 000 GPU, quand des entreprises comme Google ou Meta exploitent des infrastructures regroupant des dizaines, voire des centaines de milliers de puces. Ce déséquilibre pèse directement sur la capacité du pays à mener des projets de recherche avancée et à entraîner des modèles de grande taille, dans un contexte où la puissance de calcul est devenue un facteur stratégique déterminant.
Pendant des décennies, l’avantage comparatif d’Israël reposait sur le logiciel, l’algorithmique et la qualité de son capital humain. L’essor de l’IA générative a profondément modifié cette équation, en replaçant la matériel informatique, l’énergie et les infrastructures physiques au cœur de la compétition mondiale. Sans investissements massifs à l’échelle nationale, le modèle fondé uniquement sur l’ingéniosité et l’innovation privée montre aujourd’hui ses limites.
Une reconnaissance internationale, mais un défi structurel
Les autorités israéliennes mettent en avant les avancées récentes : développement d’infrastructures de calcul accessibles à la recherche et à l’industrie, programmes visant à accroître le nombre d’experts en IA, création d’actifs de données et intégration progressive de l’intelligence artificielle dans l’éducation, l’administration et certains services publics. Ces efforts commencent à se traduire par une hausse des investissements et par un intérêt accru des grands groupes internationaux pour le marché israélien. Mais l’enjeu dépasse désormais le seul secteur de la high-tech. Le véritable défi réside dans une adoption large, rapide et systématique de l’IA dans l’ensemble de l’économie : santé, industrie, transports, services publics. Sans cette transformation transversale, Israël risque de rester une puissance technologique spécialisée plutôt qu’un acteur pleinement structurant.
En intégrant le top 10 mondial de l’intelligence artificielle, Israël franchit une étape importante. Pour rejoindre le cercle très fermé des cinq premières nations, le pays devra toutefois changer d’échelle et passer du statut de start-up nation à celui d’État stratège, capable d’investir massivement dans les infrastructures, les puces et l’énergie. La dynamique est enclenchée. La course, elle, reste ouverte.
Pour prendre connaissance du classement général : https://observer.co.uk/data/global-ai
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