Sécurité

Forte inquiétude à l’ONU : l’Iran dissimule une partie de son stock d’uranium enrichi

L’Agence internationale de l’énergie atomique alerte sur la perte de contrôle de son suivi du programme nucléaire iranien, depuis cinq mois, Téhéran bloque l’accès à plusieurs sites frappés par Israël et les États-Unis et refuse de révéler l’emplacement d’un stock d’uranium enrichi proche du seuil militaire, la crainte : une reprise clandestine de ses activités et une nouvelle confrontation avec la communauté internationale.

2 minutes
13 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Forte inquiétude à l’ONU : l’Iran dissimule une partie de son stock d’uranium enrichi
Image satellite du site nucléaire de Fordow après les frappes menées durant la Guerre des douze jours

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

La situation autour du programme nucléaire iranien connaît un nouveau tournant inquiétant. Selon un rapport publié ce jour, jeudi, par l’Agence internationale de l’énergie atomique, Téhéran empêche depuis cinq mois les inspecteurs onusiens d’accéder à plusieurs sites nucléaires bombardés par Israël et les États-Unis au cours de l’été. Il s’agit du premier rapport de l’agence depuis le rétablissement par le Conseil de sécurité des sanctions internationales imposant à l’Iran de suspendre toute activité d’enrichissement.

D’après des documents cités par Bloomberg, le dernier contrôle complet du stock de combustible nucléaire iranien remonte à la mi-juin. Depuis, les inspecteurs affirment ne plus pouvoir vérifier ni la quantité d’uranium enrichi détenue par la République islamique, ni l’état réel de ses installations.

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a déclaré que ce manque d’accès constituait « un sujet de grave préoccupation » : « L’absence de visibilité sur le matériel nucléaire iranien depuis cinq mois compromet notre capacité à garantir la conformité du programme. »

Selon lui, Téhéran n’a pas informé l’agence de l’emplacement d’environ 400 kilos d’uranium enrichi à 60 %, un stock « proche du seuil militaire ». L’Iran avait affirmé l’avoir déplacé « pour le protéger » avant les frappes américaines et israéliennes, mais aucune donnée précise n’a depuis été fournie.

Cette absence de coopération s’inscrit dans un contexte explosif : les frappes israélo-américaines de juin ont détruit une partie des installations visibles du complexe atomique de Natanz, mais elles ont aussi fait perdre à l’AIEA plusieurs décennies d’accès ininterrompu à des zones clés du programme.

L’AIEA estime que la République islamique reconstitue discrètement ses capacités souterraines tout en repoussant les inspecteurs, une stratégie déjà utilisée après les accords de 2015 et les puissances occidentales s’inquiètent d’une possible reprise accélérée de l’enrichissement vers le seuil militaire, ce qui pourrait relancer une crise régionale et peser lourdement sur les marchés de l’énergie.
Pour Israël, qui a revendiqué plusieurs frappes contre les sites iraniens, cette opacité iranienne confirme la nécessité de maintenir la pression militaire. Mais pour l’ONU et Washington, elle souligne surtout l’échec diplomatique des dernières négociations et le risque d’une escalade incontrôlée au cœur du Moyen-Orient.

ActuJ