L’assaut mené fin novembre contre la rédaction de La Stampa à Turin marque un tournant inquiétant pour la liberté de la presse en Italie. Environ cent militants pro-palestiniens ont envahi les locaux du quotidien, vandalisé les bureaux, tagué des slogans hostiles aux journalistes et jeté du fumier à l’entrée du bâtiment. Trente-quatre suspects ont été identifiés par la police grâce aux caméras de surveillance. Une attaque qui, selon la journaliste italo-israélienne Fiamma Nirenstein, n’est pas un acte isolé mais « l’aboutissement de années de déformation de l’information sur la guerre d’Israel contre le Hamas ».
Dans sa chronique, Nirenstein pointe du doigt la responsabilité d’une partie des médias italiens, qui auraient transformé le conflit en un récit idéologique univoque, reléguant au second plan les crimes du Hamas et niant le contexte sécuritaire d’Israel depuis le 7 octobre. Elle met également en cause la réaction de la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, qui, tout en condamnant la violence, a accusé les journalistes de ne pas « faire leur travail » s’ils ne reprennent pas le récit dominant. Une prise de position perçue comme une légitimation indirecte de l’intimidation.
Selon une étude présentée par le démographe Sergio Della Pergola, La Stampa aurait été, entre octobre 2024 et septembre 2025, le quotidien italien le plus engagé dans une ligne éditoriale hostile à Israel, multipliant titres accusateurs et comparaisons avec l’apartheid ou le génocide. Pour Nirenstein, cette dérive du journalisme a contribué à une « corrosion morale » qui alimente aujourd’hui une vague de violences antijuives sans précédent en Italie. « Ce qui s’est passé à La Stampa n’est pas seulement une attaque contre un journal, mais un symptôme de l’effondrement du sens de la vérité », conclut-elle.