L'Arabie saoudite a mené lundi soir une seconde vague de frappes au Yémen après celle de samedi. Cette foi-ci, ce sont des livraisons d'armes en provenance des Émirats arabes unis qui ont été ciblées au port de Mukalla. Cette action marque une escalade spectaculaire dans les tensions entre les deux alliés du Golfe, qui se trouvent désormais en conflit indirect sur le sol yéménite.
Un camp anti-Houthi divisé
Pour comprendre cette situation, il faut saisir la complexité du conflit yéménite. Depuis 2015, une coalition menée par l'Arabie saoudite combat les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, qui contrôlent le nord du pays et la capitale Sanaa. Jusqu'à récemment, Riad et Abou Dhabi étaient partenaires dans cette coalition, soutenant ensemble le gouvernement yéménite reconnu internationalement.
Mais les choses ont évolué. Les Émirats arabes unis apportent désormais leur soutien au Conseil de transition du Sud (CTS), un mouvement séparatiste qui aspire à rétablir l'État indépendant du Yémen du Sud, disparu en 1990. Bien que le CTS soit officiellement membre du gouvernement anti-Houthi, il mène sa propre guerre territoriale.
Une offensive qui change la donne
Début décembre, le CTS a lancé une offensive baptisée "Avenir prometteur" et a pris le contrôle des provinces de Hadramaout et de Mahra dans l'est du pays. Ces territoires sont stratégiques : Hadramaout détient environ 80% des réserves pétrolières prouvées du Yémen et partage une frontière de 684 kilomètres avec l'Arabie saoudite.
Le problème ? Ces zones étaient jusqu'alors contrôlées par des forces loyales au gouvernement yéménite soutenu par Riad. L'expansion du CTS représente donc une défaite pour l'Arabie saoudite, qui voit son influence reculer au profit de celle des Émirats.
Les frappes saoudiennes et l'ultimatum
Selon la coalition saoudienne, deux navires transportant des armes ont quitté le port émirati d'Al-Fujairah les 27 et 28 décembre pour accoster à Mukalla sans autorisation. Les frappes visaient ces cargaisons destinées aux forces séparatistes.
Le président du Conseil de direction présidentielle yéménite, Rashad al-Alimi, a réagi vivement. Il a décrété l'état d'urgence pour 90 jours et imposé un blocus de 72 heures sur tous les aéroports, ports et points de passage contrôlés par les forces séparatistes. Plus radical encore, il a exigé le retrait des forces émiraties du Yémen dans les 24 heures et aurait annoncé la résiliation de l'accord de défense avec les Émirats.
Les enjeux géopolitiques
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a clairement exprimé ses préoccupations : les actions des Émirats constituent une menace pour la sécurité nationale du royaume et la stabilité régionale. Riyad considère toute atteinte à sa sécurité comme "une ligne rouge" et affirme qu'elle n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires.
Pour l'Arabie saoudite, cette crise représente un double échec : non seulement elle n'a pas réussi à vaincre les Houthis après une décennie de guerre, mais elle voit maintenant un ancien allié armer un mouvement séparatiste aux portes de son territoire.
De son côté, le CTS justifie son offensive par la nécessité de sécuriser le sud du Yémen contre les menaces terroristes et de couper les routes d'approvisionnement vers les Houthis. Le mouvement n'a toutefois pas encore déclaré formellement l'indépendance du Sud.
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