Alors que le pays achève l’année 2025 pris en étau entre des injonctions contradictoires, Beyrouth oscille entre la volonté affichée de stabilisation et la crainte permanente d’une escalade militaire majeure. D’un côté, les autorités libanaises cherchent à éviter une guerre totale. De l’autre, la réalité régionale reste explosive, rythmée par des avertissements américains répétés, des menaces israéliennes persistantes et l’absence de garanties internationales contraignantes.
Dans ce contexte, la rencontre entre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le président américain Donald Trump est perçue au Liban comme un moment charnière pour l’avenir du front sud. À Beyrouth, on redoute que Washington n’accorde un feu vert implicite à une opération militaire israélienne d’envergure contre Hezbollah, dès le retour de Netanyahou en Israël.
Selon des responsables sécuritaires israéliens, la crainte libanaise tient à la possibilité que Trump valide l’argument de Jérusalem selon lequel le Hezbollah serait en train de reconstituer ses capacités militaires, justifiant ainsi une extension de l’action armée. À l’inverse, Beyrouth espère que la Maison-Blanche cherchera à contenir Israël et à maintenir le mécanisme de supervision du cessez-le-feu en vigueur.
Cette attente fébrile intervient alors que le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, a durci le ton. Dans un discours récent, il a affirmé que le désarmement de son organisation servirait exclusivement les intérêts israéliens et constituerait, selon ses mots, une « concession gratuite » de la part du gouvernement libanais. « Il n’y a aucune logique à collecter les armes tant qu’Israël poursuit ses frappes sur le Liban », a-t-il martelé, accusant Israël et les États-Unis de chercher à imposer une forme de tutelle.
Dans les médias libanais, plusieurs analystes estiment que le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam misent sur la retenue américaine. Leur stratégie repose sur un pari risqué : renforcer progressivement l’autorité de l’État et affirmer le principe du monopole de la force légitime, tout en repoussant autant que possible le spectre d’un affrontement généralisé.
Mais cette ligne se heurte à une réalité beaucoup plus complexe. En dépit de l’absence de guerre ouverte, le Liban ne parvient ni à imposer une dissuasion politique face au Hezbollah, ni à reprendre la main sur le plan sécuritaire. Israël, de son côté, poursuit ses opérations militaires ciblées, notamment dans le sud du pays, à travers des frappes et des destructions d’infrastructures du Hezbollah.
L’organisation chiite refuse en parallèle de passer à la deuxième phase du plan approuvé par le gouvernement libanais, qui prévoit le démantèlement de ses infrastructures militaires au nord du Litani. Elle estime n’y trouver aucun bénéfice politique ou diplomatique. Résultat : le Liban peine à honorer ses engagements internationaux, tandis qu’Israël conserve une large liberté d’action.
Pour plusieurs responsables sécuritaires, la stratégie libanaise actuelle relève d’une gestion provisoire du risque : contenir l’explosion sans traiter le cœur du problème, à savoir la question du désarmement du Hezbollah. La commission internationale chargée de surveiller le cessez-le-feu est ainsi perçue comme un outil d’observation plus que comme un véritable levier de pression.
À cette équation déjà fragile s’ajoute une dimension régionale lourde de menaces. Toute escalade entre Israël et l’Iran placerait le Hezbollah au centre du jeu. À Beyrouth, on redoute qu’en cas de frappe contre des installations stratégiques iraniennes, Téhéran n’ordonne à son allié libanais d’entrer en action, transformant une nouvelle fois le Liban en champ de bataille régional.
C’est donc avec une prudence stratégique extrême que la capitale libanaise attend l’issue du sommet de Floride. Ses conclusions pourraient déterminer si 2026 s’ouvre sur la poursuite d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah, ou sur l’entrée dans un nouveau cycle de confrontation armée. En attendant, le Liban continue d’avancer sur une ligne de crête, pris entre pressions internes, calculs régionaux et une incertitude profonde sur son avenir immédiat.
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