Une étude inédite menée par une chercheuse issue de la communauté ultra-orthodoxe révèle que près de 50% des Haredim israéliens souhaitent s'intégrer davantage à la société majoritaire, et qu'un homme sur quatre serait même disposé à effectuer un service militaire sous certaines conditions.
Ces conclusions, qui bousculent les idées reçues tant dans l'opinion publique que dans la communauté Haredi elle-même, ont été présentées pour la première fois lors de la conférence "L'avenir d'Israël" organisée conjointement par l'Université de Tel Aviv et la Fondation Kadar.
"Beaucoup de Haredim pensent qu'ils sont isolés dans leur désir d'intégration et craignent d'être stigmatisés par leur communauté", affirme le Dr Nahumi Yaffe, chercheuse ultra-orthodoxe au Département de politique publique de l'Université de Tel Aviv et auteure de cette étude pionnière.
L'enquête, qui a recueilli les témoignages de 1 200 participants représentant l'ensemble du spectre ultra-orthodoxe, identifie quatre groupes distincts au sein de cette population:
Les "très conservateurs" (27%) qui rejettent toute forme d'intégration et maintiennent un strict isolement médiatique et social
Les "Haredim israéliens" (27%) qui, tout en restant fidèles à leurs autorités rabbiniques, s'identifient aux symboles nationaux et aspirent à une intégration universitaire et professionnelle
Les "Haredim modernes" (23%) qui se définissent pleinement comme Israéliens, utilisent des smartphones et sont exposés aux médias généralistes
Les "indépendants" (23%) qui, bien que vivant au sein de la communauté, ne s'identifient ni à ses valeurs ni à celles de l'État
Cette segmentation révèle qu'environ la moitié de la population Haredi - les groupes "israéliens" et "modernes" - se trouve déjà sur une trajectoire d'intégration.
Plus surprenant encore, 23% des personnes interrogées, principalement issues de ces deux groupes, se disent prêtes à envisager un service militaire ou civil, à condition que celui-ci soit adapté à leurs spécificités religieuses. Ce chiffre dépasse largement les estimations précédentes qui oscillaient entre 11% et 19%.