Le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou a fermement démenti samedi soir les accusations portées par une enquête du New York Times, selon laquelle il aurait délibérément fait échouer un accord pour la libération des otages détenus à Gaza au profit de sa survie politique.
"Le Premier ministre ne se souciait pas de sa survie politique, mais de la survie et de l'avenir de l'État d'Israël", a déclaré le bureau dans un communiqué officiel. La déclaration précise que "les désaccords avec les hauts responsables sécuritaires découlaient de divergences d'ordre politique, et non de considérations de coalition".
Des objectifs militaires "inutiles" selon l'enquête
L'investigation du quotidien américain, publiée vendredi, dresse un portrait accablant de la gestion des négociations par Netanyahou. Selon les journalistes, le Premier ministre aurait systématiquement contrecarré les options visant à mettre fin rapidement aux combats, préférant étendre les opérations à de nouveaux théâtres.
L'enquête affirme qu'à des moments cruciaux des négociations de cessez-le-feu, Netanyahou a soudainement fixé des objectifs militaires que les services de sécurité jugeaient non essentiels au regard du prix que pourraient payer les otages. La prise de Rafah figure parmi ces objectifs qualifiés d'"inutiles" par les sources sécuritaires.
Un plan d'avril enterré sous la pression de la coalition
Le rapport détaille notamment un épisode présumé survenu en avril 2024, lorsqu'un plan prévoyait la libération de plus de 30 otages en échange d'un cessez-le-feu de six semaines, prélude à un accord permanent. Ce plan n'aurait jamais été officiellement présenté au cabinet.
Selon l'enquête, lorsque le document a été soumis à Netanyahou, le ministre des Finances Bezalel Smotrich aurait menacé : "Si un tel accord est proposé, il n'y aura plus de gouvernement". Le Premier ministre aurait alors nié la possibilité d'un accord et demandé discrètement à ses conseillers sécuritaires de ne pas présenter le plan.
L'enquête du New York Times assure également que Netanyahou aurait ignoré les avertissements formulés avant le massacre du 7 octobre concernant l'impact de la réforme judiciaire sur la sécurité d'Israël. Le Premier ministre aurait par ailleurs rejeté une proposition de gouvernement d'union nationale, préférant maintenir sa coalition avec les partis d'extrême droite de Smotrich et Itamar Ben Gvir.
Dans sa réponse, le bureau Netanyahu invoque le témoignage de "hauts responsables de l'administration américaine précédente", affirmant qu'"aucun accord n'était sur la table en 2024 en raison du refus du Hamas".