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Le Liban sous le choc : un musicien très populaire accusé d’être un agent du Mossad

Le célèbre musicien chiite libanais Mohamed al-Hadi Saleh serait en réalité un agent du Mossad. Charismatique, il est accusé d’avoir fourni des informations sensibles à Israël qui ont conduit à l'élimination de dizaines de membres du Hezbollah

3 minutes
18 mai 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le Liban sous le choc : un musicien très populaire accusé d’être un agent du Mossad
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L’affaire fait grand bruit au Liban et dans l’ensemble du monde arabe : selon plusieurs médias, dont la chaîne saoudienne Al-Hadath, le musicien chiite libanais Mohamed al-Hadi Saleh serait en réalité un agent du Mossad. Charismatique, bien introduit dans les cercles religieux et politiques, il est accusé d’avoir fourni des informations sensibles à Israël qui ont permis l’élimination de dizaines de membres et de commandants du Hezbollah. Une annonce qui provoque stupeur et colère, notamment dans les bastions du parti pro-iranien.

L’arrestation de Saleh a été annoncée officiellement par les autorités libanaises. C’est le juge militaire Fadi Akiki qui a lancé les poursuites, l’accusant de « collaboration avec l’ennemi israélien » et « implication dans la mort de citoyens libanais contre rémunération ».

Tout aurait commencé, selon Al-Hadath, par des ennuis financiers. Après avoir perdu une somme importante en Bourse, Saleh aurait cherché à éponger ses dettes en s’adressant à un contact israélien. Il aurait ensuite avoué avoir appartenu à l’unité 4100 du Hezbollah et participé à des opérations au Liban et en Syrie. En contrepartie d’environ 23 000 dollars, reçus en plusieurs fois, il aurait transmis des renseignements sur des chefs et infrastructures du Hezbollah, entraînant des frappes ciblées pendant la guerre en cours avec Israël.

Certaines fuites, difficiles à vérifier, évoquent également des conversations entre Saleh et ses « officiers traitants », durant lesquelles il aurait décrit en détail les types de motos utilisés par les militants du Hezbollah – une information jugée critique dans le cadre d’assassinats ciblés par dispositifs explosifs, notamment l'opération des bipeurs.

Entre autres preuves : des captures d’écran de messages présumés, où il s’adresse à ses contacts israéliens pendant le mois de ramadan, et des photos le montrant aux côtés de membres du Hezbollah tués au combat. Le site d’information libanais anti-Hezbollah Al-Janoubia parle d’un choc immense parmi les partisans du mouvement, et a diffusé des images du chanteur avec des membres du Hezbollah aujourd’hui disparues.

Le site d’information libanais anti-Hezbollah Al-Janoubia a diffusé des images du chanteur avec des membres du Hezbollah aujourd’hui disparues, pas de crédit mentionné

Le scandale prend aussi une dimension symbolique : à Beyrouth, dans le quartier de la Dahiya – fief du Hezbollah – un gibet a été dressé dans le cadre d’un « avertissement aux collaborateurs d’Israël ». L’affaire a déclenché une véritable campagne médiatique dans les médias affiliés au Hezbollah, à l’image d’Ali Choueib, journaliste d’Al-Manar, qui a tenu à relativiser l’impact du scandale : « Il est naturel que le Mossad tente de s’infiltrer dans l’environnement du Hezbollah. Ce qui est honteux, c’est qu’un seul homme ait trahi, quand des milliers d’autres se sacrifient chaque jour. »

Dans le quartier de la Dahiya – fief du Hezbollah – un gibet a été dressé qui vaut pour « avertissement aux collaborateurs d’Israël, pas de crédit mentionné

À ce jour, les autorités libanaises restent discrètes et aucune preuve indépendante ne confirme encore les accusations. Mais les spéculations, elles, alimentent les conversations et les chaînes arabes, dans un Liban où les tensions régionales rendent chaque rumeur potentiellement explosive.

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