Politique

La procureure générale alerte sur un changement de régime en Israël

Gali Baharav-Miara dénonce un affaiblissement de l’État de droit, dans un contexte de tensions accrues entre pouvoir judiciaire et exécutif.

2 minutes
26 mai 2025

ParDelphine Miller

La procureure générale alerte sur un changement de régime en Israël
Wikipédia - Gali Baharav-Miara

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Lors d’un discours prononcé ce lundi au congrès de l’Ordre des avocats à Eilat, la procureure générale Gali Baharav-Miara a tiré la sonnette d’alarme sur « un changement rapide du régime israélien ». Elle a vivement critiqué les pressions politiques croissantes exercées sur les institutions judiciaires, notamment à la suite de l’éviction contestée du chef du Shin Bet et de l’interdiction faite à la procureure militaire de s’exprimer lors du même congrès.

« Ce n’est pas une mise en garde sur l’avenir – c’est la réalité », a déclaré Baharav-Miara. « Le régime israélien change sous nos yeux, et cela se manifeste par un affaiblissement systématique des contre-pouvoirs et des institutions démocratiques, en particulier du pouvoir judiciaire. »

Elle a dénoncé une attente croissante de « soumission » de la part du gouvernement, précisant que son rôle n’est pas de satisfaire des impératifs politiques, mais de faire respecter la loi : « Le gouvernement exige une obéissance, mais dans un État de droit, tout le monde est soumis à la loi. »

Évoquant l’affaire du chef du Shin Bet, dont la révocation a été jugée illégale par la Cour suprême, elle a rappelé que tout processus de nomination ou de limogeage à ce poste devait se faire dans le respect d’une procédure irréprochable. Elle a aussi exprimé ses regrets quant à l’absence de la procureure militaire, estimant qu’elle était la mieux placée pour défendre l’armée d’Israël sur la scène internationale.

Le président de la Cour suprême, Yitzhak Amit, a également pris la parole pour dénoncer une attaque contre l’indépendance judiciaire, appelant à renforcer les fondations démocratiques du pays. Il a pointé du doigt le ministre de la Justice Yariv Levin, qui refuse de convoquer la commission de nomination des juges, malgré un manque criant de magistrats.

En réponse, Levin a affirmé que « ce n’est pas la justice mais la souveraineté du peuple qui est attaquée », accusant la Cour suprême de conflits d’intérêts dans ses propres affaires internes.

Le président de l’Ordre des avocats, Amit Becher, a pour sa part averti que si le gouvernement venait à violer ouvertement un jugement de la Cour, il mènerait une mobilisation nationale, y compris une grève du système judiciaire.