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Dans une interview à un journal juif, le président syrien confirme sa volonté de rapprochement avec Israël

"La réalité est que nous avons des ennemis communs et que nous pouvons jouer un rôle central dans la sécurité de la région", a déclaré Ahmed al-Sharaa

3 minutes
31 mai 2025

ParJohanna Afriat

Dans une interview à un journal juif, le président syrien confirme sa volonté de rapprochement avec Israël
Le président syrien, Ahmed al-Sharaa Photo : Wikipedia

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Ahmed al-Sharaa, le nouveau président syrien, a accordé une interview au magazine juif américain Jewish Journal dans laquelle il exprime son ouverture au dialogue avec Israël. Tout en reconnaissant des "ennemis communs", il exige néanmoins la fin des bombardements israéliens sur le territoire syrien.

Une main tendue sous conditions

"Je tiens à être clair, l'ère des attaques incessantes doit prendre fin. Aucune nation ne prospère lorsque son ciel est empli de peur", a déclaré al-Sharaa dans cette interview. Le dirigeant syrien, qui a renversé le régime de Bachar al-Assad, adopte un ton pragmatique en reconnaissant que "la réalité est que nous avons des ennemis communs et que nous pouvons jouer un rôle central dans la sécurité de la région".

Ahmed Al-Sharaa a exprimé son souhait de revenir à l'esprit de l'accord de séparation des forces de 1974 avec Israël, non seulement comme ligne de cessez-le-feu mais également comme base de "retenue mutuelle et de protection des civils". Il dit accorder une attention particulière aux communautés druzes du sud de la Syrie et du plateau du Golan, déclarant que "les Druzes ne sont pas des jouets. Ce sont des citoyens aux racines profondes, historiquement loyaux et dignes de toute protection dans le cadre de la loi". Ces dernières déclarations interviennent alors que cette minorité est dans le viseur de groupe jihadistes affiliés au nouveau régime qui ont assassiné plusieurs centaines de ses membres ces dernières semaines.

Sans évoquer une normalisation immédiate avec Israel, le président syrien a néanmoins signalé une ouverture à de futurs pourparlers fondés sur le droit international et la souveraineté. "La paix doit être obtenue par le respect mutuel, pas par la peur", a-t-il affirmé. "Nous créerons une connexion où il y aura de l'honnêteté et un chemin clair vers la coexistence."

L'éloge de Trump

Al-Sharaa a également fait l'éloge du président américain Donald Trump, qu'il a rencontré lors d'un sommet historique il y a deux semaines dans le Golfe. Il le considère comme "un homme de paix" et "le seul capable de réparer les dégâts dans la région et de la rassembler".

Dans une formule qui rappelle le slogan trumpien, al-Shara a déclaré vouloir "rendre la Syrie grande à nouveau". "Je n'ai pas cherché à occuper ce poste pour gouverner, je l'ai accepté parce que la Syrie doit tourner une page", a-t-il expliqué.

Le nouveau dirigeant syrien dessine les contours d'une société multiculturelle et pluraliste, soutenant le droit au retour de tous les Syriens - "Juifs, Druzes, Chrétiens et autres" - dont les biens ont été confisqués par le régime précédent. Interrogé sur la crédibilité de ses promesses, al-Shara a répondu qu'il ne demandait pas la confiance mais "de la patience et un examen attentif".

Ces déclarations s'inscrivent dans un contexte de contacts discrets entre Israël et la Syrie ces dernières semaines, visant à réduire les tensions frontalières et prévenir les affrontements.

Malgré ces signaux d'ouverture, des voix en Israël et en Occident restent prudentes face à al-Shara, rappelant son passé djihadiste au sein d'al-Qaïda. Certains analystes s'interrogent sur la sincérité de cette modération affichée, craignant qu'elle ne serve qu'à stabiliser son régime avant un éventuel retour à une ligne plus radicale.

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