Caché jusqu’à présent dans sa maison de Tel-Aviv, le carnet rouge personnel de David Ben-Gourion – premier Premier ministre d’Israël – ainsi que son carnet d’adresses téléphoniques viennent d’être révélés au public. Une fenêtre fascinante sur l’univers de celui qui n’a pas seulement bâti un État, mais aussi laissé une empreinte profondément personnelle.

Crédit : Archives Ben-Gourion, libre de droits
Dans le carnet d'adresses, figurent les noms de figures historiques comme Shimon Peres, Yigal Yadin, Golda Meir, mais aussi ceux de grands médecins – Sheba, Barzilai, Soroka, Yosseftal – qui ont donné leur nom à des hôpitaux emblématiques en Israël. Le répertoire mêle également commerçants et associations comme l’« Organisation des mères travailleuses », preuve de son lien direct avec la société civile.

Son carnet d'adresses, crédit : Archives Ben-Gourion, libre de droits
« Ce document rare montre à quel point Ben-Gourion dirigeait par des connexions humaines, pas à travers des bureaux, mais via des appels personnels », explique Aurora Latrolo, conservatrice de la maison Ben-Gourion à Tel-Aviv. « Il croyait dans la proximité avec ceux qui bâtissaient le pays. »
Ben-Gourion, arrivé en Palestine en 1906, ne visait pas le pouvoir mais rêvait de cultiver la terre. Il voulait être agriculteur, ouvrier… Il échoue, mais devient le leader des travailleurs. Son carnet mentionne d’ailleurs sa profession comme "agriculteur".
Le « carnet rouge » était bien plus qu’un calepin : c’était une sorte de carte d’identité du pionnier. « Avec ce livret, on pouvait accéder à un théâtre, acheter un journal ou consulter un médecin. C’était la carte de la Caisse maladie des pionniers », raconte Latrolo. L'objet rappelle aussi les débuts de la Histadrout, la fédération ouvrière fondée avec Berl Katznelson, qui assurait à ses membres éducation, santé, culture et emploi.
En parallèle, la maison Ben-Gourion fait actuellement l’objet d’un vaste chantier de rénovation de plus de cinq millions de shekels. Fermée au public pour une dizaine de mois, chaque meuble et document a été transféré en lieu sûr. Les visites se poursuivent toutefois à l’extérieur et dans une maison annexe, afin de faire vivre la mémoire du père fondateur.
Une nouvelle exposition intitulée « Regardez ce que nous avons trouvé » présente ces objets rares, dont le légendaire téléphone rouge de l’opération Kadesh, une pelle utilisée à son arrivée en Palestine, des ciseaux ayant servi à l’inauguration de la route de Birmanie, et des annotations personnelles dans ses livres – dont une sur la subordination de l’armée au pouvoir politique. Un message d’hier toujours d’actualité.