Le tourisme en Israël est en chute libre. Selon Yossi Fattal, directeur de l’Association des organisateurs de tourisme entrant, les chiffres actuels sont comparables à ceux de l’année du coronavirus. Sur un million d’entrées annuelles, un tiers concerne des visites familiales et non du tourisme véritable. En 2019, Israël accueillait près de 5 millions de touristes. Aujourd’hui, même la Semaine de la Fierté à Tel-Aviv, autrefois vitrine cosmopolite, se résume à un public purement local.
Les conséquences économiques sont terribles : le tourisme représentait jusqu’à 7 % des exportations israéliennes, avec 40 milliards de shekels de revenus. Ce chiffre est aujourd’hui tombé à 2 %. Des villes comme Tibériade, Safed ou Nazareth, où l’économie repose presque entièrement sur cette activité, sont à genoux. Et ce n’est pas la guerre en elle-même qui freine les visiteurs, mais bien l’image dégradée d’Israël à l’étranger. « Même si la guerre s’arrêtait demain, le mal est fait », affirme Fattal.
Face à l’inaction du gouvernement, les professionnels appellent à une riposte intelligente et visible sur le plan international. Utiliser les touristes eux-mêmes comme ambassadeurs, via des campagnes d’influence et de témoignages positifs, serait selon eux bien plus efficace que les actions actuelles du ministère des Affaires étrangères. Mais pour l’instant, il n’y a même pas de responsable à la tête du système national d’information.
Avec seulement un tiers des 3 000 travailleurs du secteur encore en poste, l’industrie du tourisme reste bloquée au 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas. Et sans vision stratégique ni vraie volonté politique, Israël risque de perdre à long terme une vitrine essentielle pour sa présence sur la scène mondiale.