Politique

Pas de dissolution: la Knesset sauvée in extremis par un compromis sur la Loi de conscription

La coalition a repoussé le projet de dissolution de la Knesset grâce à un compromis provisoire sur la future Loi sur la conscription des ultra-orthodoxes.

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12 juin 2025

ParDelphine Miller

Pas de dissolution: la Knesset sauvée in extremis par un compromis sur la Loi de conscription
Photo: Yonatan Sindel Flash90

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La tentative de l’opposition de dissoudre la Knesset a échoué dans la nuit de mercredi à jeudi, avec 61 députés contre et 53 pour lors d’un vote en lecture préliminaire. Ce revers fait suite à un accord de principe entre le Likoud et les partis Shas et Déguel HaTorah sur les grandes lignes de la future Loi sur la conscription des ultra-orthodoxes.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli Edelstein (Likoud), a conduit les négociations. À l’issue des pourparlers, il a salué une « avancée historique » : « Une loi sérieuse, efficace, et élargissant véritablement la base du recrutement militaire sortira de cette commission », a-t-il déclaré. Selon lui, ce compromis permettra de renforcer la sécurité d’Israël tout en respectant la diversité sociale.

Les partis Shas et Déguel HaTorah ont ainsi accepté de s’opposer à la dissolution, suivant les consignes explicites du rabbin Dov Landau et du rabbin Moshe Hillel Hirsch, en déplacement aux États-Unis. Dans une déclaration commune, ils ont souligné qu’un délai d’une semaine était indispensable pour formaliser les termes de l’accord. En contrepartie, ils ont appelé l’opposition à retirer sa proposition de dissolution.

Mais cette unité affichée masque une fracture importante au sein du Judaïsme unifié de la Torah (UTJ). La faction Agoudat Israël, emmenée par le ministre Yitzhak Goldknopf et le député Meir Porush, a maintenu son vote en faveur de la dissolution. Estimant qu’aucun texte écrit n’a été soumis concernant le statut des étudiants en yéchiva, le parti a suivi les instructions de ses rabbins, membres du Conseil des Sages de la Torah. Certains cadres évoquent même une possible démission de Goldknopf.

Le point de tension principal concerne le traitement des jeunes ultra-orthodoxes qui refuseraient l’enrôlement. Des sanctions administratives, comme la suspension du permis de conduire ou l’interdiction de voyager à l’étranger, pourraient être repoussées de six à douze mois — un compromis encore loin de faire consensus.

Du côté du Likoud, les responsables se montrent optimistes, espérant pouvoir stabiliser la coalition autour d’un projet commun. Mais l’opposition a déjà annoncé qu’elle pourrait remettre la proposition de dissolution à l’ordre du jour dès la semaine prochaine, si aucun texte concret n’est présenté. Toutefois, cela sera désormais bien plus difficile : une nouvelle tentative ne pourra être soumise automatiquement. Il faudra d’abord obtenir le soutien préalable de 61 députés ainsi que l’aval du président de la Knesset. Si ces conditions ne sont pas réunies, l’opposition devra patienter six mois avant de pouvoir représenter une proposition de loi en ce sens.