Pour la première fois depuis 20 ans, le conseil des gouverneurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), composé de représentants de 35 Etats, a officiellement déclaré que l’Iran violait ses engagements en matière de contrôle nucléaire.
Dans une décision adoptée lors d’une réunion à huis clos à Vienne, il est écrit que les obstacles posés par l’Iran dans la coopération avec l’agence depuis 2019 – notamment pour fournir des réponses sur des matériaux nucléaires découverts dans des sites non déclarés – constituent une violation de l’accord conclu.
Cette résolution, menée par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, a été approuvée par 19 pays, contre 3 oppositions (Russie, Chine et Burkina Faso) et 11 abstentions. Elle appelle de nouveau Téhéran à répondre "sans délai" aux questions en suspens concernant des traces de radioactivité découvertes sur des sites nucléaires secrets.
Cette déclaration qui constitue un tournant dans le traitement de l'Iran par l'Agence intervient dans un contexte particulièrement tendu alors qu'Israël se préparerait à attaquer les installations nucléaires du régime des Mollahs à court terme et face au refus de l'Iran de stopper l'enrichissement de son uranium comme le leur demandent les Etats-Unis.
La télévision iranienne rapporte qu'en réaction à cette décision, l'Iran va inaugurer un nouveau site d'enrichissement de l'uranium ''en lieu sûr'' afin d'accélérer encore le processus.
Le président iranien Massoud Pezeshkian a encore tenu un discours ferme ce jeudi matin : "Les États-Unis menacent de sanctions mais sont incapables d’imposer un blocus à notre pays", a-t-il dit, ajoutant : "Notre peuple est fort et résistant – il ne permettra pas à l’ennemi de s’emparer ne serait-ce que d’un centimètre de notre terre." Le commandant des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, a déclaré : "L’ennemi nous menace de temps à autre, mais nous sommes prêts à tous les scénarios. Nous l’avertissons de ne commettre aucune erreur et de bien réfléchir aux conséquences de ses actes."
Un haut responsable sécuritaire iranien a déclaré à la chaîne Press TV que dans le cas d’une attaque israélienne ou américaine – "l’Iran les surprendra", car Téhéran est "en état d’alerte maximal". Mehdi al-Mashat, chef du Conseil politique suprême des Houthis au Yémen, a lui aussi affirmé : "Nous soutenons le droit de l’Iran à défendre sa souveraineté – par tous les moyens légitimes."
Parallèlement, des images satellites récentes montrent une concentration inhabituelle d'appareils militaires américains sur l’île de Diego Garcia, dans l’océan Indien – incluant des bombardiers B-52, des avions ravitailleurs KC-135, des chasseurs F-15 et un avion de transport lourd C-5M. Selon Newsweek, il s’agit d’un renforcement amorcé depuis mars, notamment à la suite d’un ordre donné par le président Trump de lancer une vaste opération contre les Houthis au Yémen. Même après la trêve conclue en mai, des évaluations américaines indiquent qu’un échec à empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire pourrait déclencher un conflit militaire – où Diego Garcia jouerait un rôle stratégique central.
D’après les rapports, l’US Air Force a récemment renforcé ses capacités de ravitaillement en vol sur cette base avec le déploiement d’avions KC-135, remplaçant les bombardiers B-2 précédemment stationnés.
Le Washington Post a rapporté cette nuit que les États-Unis sont "en état d’alerte élevé" face à une possible attaque israélienne contre l’Iran. CBS a indiqué parallèlement que des responsables américains ont été informés qu’Israël est pleinement prêt à lancer une offensive contre l’Iran. Selon ce rapport, les États-Unis s’attendent à ce que l’Iran réagisse en attaquant des sites américains en Irak voisin, ce qui explique en partie la réduction de leur présence au Moyen-Orient ordonnée par Washington.
Pendant ce temps, les négociations entre Washington et Téhéran autour du nucléaire sont toujours en cours. Demain (vendredi), le ministre israélien Ron Dermer et le chef du Mossad Dadi Barnéa rencontreront l'émissaire américain Steve Witkoff afin de clarifier encore la position israélienne sur la question.