Culture

Côté cour et côté jardin: Jérusalem sous les projecteurs. Par Nathalie Hamou

3 minutes
23 juillet 2023

ParIsraJ

Côté cour et côté jardin: Jérusalem sous les projecteurs. Par Nathalie Hamou
JERUSALEM - Festival du film - Golda. DR

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Que faut-il retenir du 40ème festival du film de Jérusalem ? Nul doute qu’en préparant ce rendez-vous incontournable du monde du cinéma, les organisateurs n’avaient pas prévu le timing de son déroulement, à un moment charnière du vote de la réforme judiciaire qui divise depuis sept mois le pays, et juste avant les vacances parlementaires d’été.

 

Les onze jours de la manifestation culturelle ont en effet coïncidé avec le sprint final du mouvement social contre cette réforme, marqué par une mobilisation inédite, puisqu’au-delà des traditionnelles manifestations du samedi soir à Tel Aviv, s’est rajoutée ces derniers jours une grande marche vers Jérusalem, avec pour étape ultime un rassemblement devant la Knesset, sorte de pèlerinage aux incroyables effets visuels que peu oublieront.

Ce dimanche 23 juillet, des représentants de toute la population israélienne se sont massés dans la capitale à la suite d’un week-end ponctué par l’hospitalisation du premier ministre, Benyamin Netanyahou (auquel les médecins ont posé un pacemaker), des déclarations de l’état-major militaire et du renseignement, mais aussi au lendemain de la visite officielle du président de l’Etat hébreu, Isaac Herzog aux Etats-Unis

 

Résumé des épisodes précédents.

La cérémonie d’ouverture, Jeudi 13 juillet, aura évidemment marqué les esprits avec la projection du film « Golda », un biopic réalisé par le cinéaste israélien Guy Nattiv autour de Golda Meir pendant la guerre de Kippour, dont on commémorera les 50 ans en octobre. Cette avant-première s’est déroulée en plein air dans l’enceinte de la « piscine du sultan » en présence de Lady Helen Mirren (« The Queen »), l’héroïne du film qui a su trouver les mots pour parler aux 6 000 spectateurs israéliens réunis à cette occasion, et devant un parterre de célébrités, dont les autres invités d’honneur de la manifestation, Oliver Stone et les frères Dardenne, ainsi que des personnalités politiques à commencer par le président Isaac Herzog.

 

Second temps fort du festival, la distribution des prix qui ont récompensé cette année, pour la sélection israélienne, plusieurs films de fiction prenant pour sujet des communautés spécifiques de la population nationale: druze avec « The taste of apples is red», d’Ehab Tarabieh; ultra-orthodoxe avec le film de David Volach, « Daniel Auerbach » (et au cœur d’un documentaire également primé cette année, « The three of us », de Henya Brodbeker); ou encore éthiopienne avec « Under the shadow of the sun », signé Shalom Hager et dont le magnifique acteur Emos Ayeno, a obtenu le prix de la meilleure interprétation dans un film de fiction.

 

Des œuvres dont le traitement et l’esthétique acquièrent une portée universelle, un trait considéré comme la signature du septième art israélien dans ses meilleures années. Autre thème qui a traversé cette sélection, celui des voyages de mémoire en Pologne (dans les camps de la mort), avec « Delegation », d’Asaf Saban, film également plébiscité par le jury, et servant de toile de fond au très sensible long-métrage, « A room of his own  », de Matan Yair.

 

Une chose est sûre : les allées de la Cinémathèque de Jérusalem, semblaient plutôt clairsemées, au cours de ce week-end, pour un évènement d’une telle tenue. Alors que sur la toile, la richesse et la diversité de cette société incroyablement dynamique crevaient l’écran, le défilé des partisans de la démocratie armés de leurs drapeaux et convergeant vers la Knesset ce Dimanche 23 juillet, attirait tous les regards, ravissait la vedette des médias internationaux, stupéfiait les observateurs étrangers.

Et face à cet autre festival pour la défense des valeurs libérales, la nation israélienne retenait encore une fois son souffle.

 

Nathalie Hamou
Boaron blue