Société

Raheli Derai, la veuve de Saadia:  »Je ne voulais pas un mari qui soit un héros, je voulais un mari qui soit vivant »

4 minutes
26 janvier 2025

ParIsraJ

Raheli Derai, la veuve de Saadia:  »Je ne voulais pas un mari qui soit un héros, je voulais un mari qui soit vivant »
Photo: Famille

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Saadia Derai, z'l, est tombé au combat dans la Bande de Gaza le 20 juin 2024. Sa veuve, Raheli, a découvert à la fin de la semaine de deuil qu'elle était enceinte de leur troisième enfant.

Pendant six mois, elle a caché la nouvelle. Elle portait des vêtements amples et se rendait seule à tous les examens médicaux tout en s'occupant de ses deux jeunes enfants, Halleli (3 ans) et Yinon (1 an et demi).

''Je suis restée seule, enceinte, avec deux enfants petits à faire grandir'', décrit Raheli dans une interview sur Ynet, ''Je suis encore sûre que je suis en train de rêver et que Saadia va revenir pour la naissance''.

Elle confie: ''Malgré la difficulté, je parviens à me réjouir de cela, je comprends qu'il m'a encore laissé quelque chose de lui. Cela me réjouit et en même temps cela fait très mal, j'apprends à accepter ces deux sentiments opposés''.

Saadia a été appelé en milouïm dès le 7 octobre. Dans un premier temps, il servait à la frontière nord puis au mois de mai dernier, il a été appelé pour le front sud, à Gaza.

''Lorsqu'il m'a dit Gaza, je savais qu'il ne reviendrait pas de la guerre. C'était ma peur la plus grande'', raconte Raheli. ''Je pouvais tout surmonter mais pas la peur pour sa vie. Saadia aussi a senti que c'était la fin. Il a quitté la yeshiva, son travail, ses études qu'il venait de commencer à l'université, sans s'engager sur une date de retour. Il a tenu à passer chaque moment de libre avec moi et les enfants, il a changé ses plans pour voir ma mère et ses parents''.

Saadia étudiait au kollel de Yaffo et parallèlement travaillait à la mairie, bien qu'il recevait une bourse en tant qu'étudiant dans un kollel: ''Il avait beaucoup de mal à concevoir qu'il pouvait être payé pour étudier la Torah. Il apportait de la sainteté dans notre maison''.

Pendant qu'il était à Gaza, il parlait aussi souvent que possible à Raheli: ''Il me disait que j'étais la meilleure, que j'avais des forces incroyables. Lorsque je lui disais qu'il avait déjà donné plus que de raison et que je lui demandais de rentrer, il me répondait qu'il avait grandi sur l'héritage de Roï Klein et Eliraz Peretz, il ne fallait pas que j'attende autre chose de lui. C'était pour lui un mérite de se battre pour l'existence de notre Etat'', décrit-elle.

Raheli raconte que lorsqu'elle a appris que Saadia était tombé au combat, ''le sol s'est dérobé sous mes pieds. J'ai senti que je tombais dans le vide. J'ai compris que tout le bien que j'avais construit avec Saadia était détruit''.

Pendant la semaine de deuil, le chef du département des ressources humaines de Tsahal est venu lui rendre une visite. Elle lui a demandé pourquoi son mari avait été tué. Il lui a répondu: ''Il nous manque des effectifs. Nous n'avons pas assez de combattants à envoyer dans les zones déjà nettoyées et donc les terroristes reviennent''.

Pour Raheli: ''Les gens préfèrent les histoires de héros et de sacrifices. Mais moi je parle de douleur, de tristesse, du vide que crée la perte. Je ne voulais pas un mari qui soit un héros, je voulais un mari qui soit vivant. J'ai payé le prix le plus cher et aucune histoire de héros aussi belle soit-elle ne me ramènera Saadia''.

Il y a deux mois, les compagnons d'armes de Saadia sont venus rendre visite à Raheli et aux enfants dans leur modeste appartement à Yaffo. Raheli leur a annoncé sa grossesse. ''Nous étions sous le choc'', a raconté Idan Siboni, le commandant de Saadia, ''Pendant tout ce temps, elle a gardé ça pour elle''.

Puis Idan a raconté à Raheli que lors de l'une de leurs dernières conversations, Saadia avait demandé à ses camarades de l'armée de prendre soin de Raheli et des enfants s'il lui arrivait quelque chose.

Siboni et le reste des amis de Saadia du bataillon ont alors proposé de lancer une cagnotte pour permettre à Raheli de déménager, à Yaffo, dans un logement plus adapté pour faire grandir ses trois enfants.

''Nous avons demandé à Raheli la permission d'honorer la dernière volonté de Saadia'', explique Siboni. Raheli en a été très touchée: ''Ils investissent beaucoup de leur temps et font beaucoup d'efforts. Ils agissent avec beaucoup de sensibilité et d'amour''.







Pour aider Raheli Derhy et ses enfants, cliquez ici. 



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