Yasser Abu Shabab, membre du puissant clan bédouin des Tarabin, se dit fier de l’engagement de sa vaste famille, qui s’étend de Tel Sheva, dans le Néguev, jusqu’au Sinaï égyptien, dans sa lutte ouverte contre le Hamas. Dans sa première interview exclusive accordée à un média israélien, après avoir nié toute implication dans les déclarations diffusées récemment en son nom, il insiste : « Ne nous appelez pas des milices. Appelez-nous des groupes de lutte contre le terrorisme dans la bande de Gaza. »
Résumé de l'entretien accordé à Ynet.
Depuis qu’il a publiquement pris les armes contre le Hamas, Abu Shabab est considéré par ce dernier comme un traître. « Ils m’ont traité de criminel, de voleur, de membre de Daech – tout cela pour semer la peur autour de moi. Mais cela n’a pas fonctionné. Qui sont-ils pour juger ? Ceux qui kidnappent et tuent des enfants comme la famille Bibas ? Ce sont des sous-hommes méprisables, leur fin est proche. »
Installé auparavant dans le Sinaï, Abu Shabab est retourné vivre à Gaza deux mois avant le 7 octobre, une date qu’il qualifie systématiquement d’« amère ». Il affirme que cette attaque « a été planifiée, exécutée et imposée par le Hamas, sans la moindre considération pour les habitants misérables de Gaza ». Depuis, dit-il, « nous avons tout perdu : nos maisons, nos biens, notre travail, notre argent. Pendant ce temps, les dirigeants du Hamas vivent dans les tunnels, sans manquer de rien. Y a-t-il plus grande injustice ? »
Fuyant les combats, il s’est installé avec sa famille à Al-Mawasi, zone désignée par l’armée israélienne comme « humanitaire ». Il y découvre une réalité brutale : « Faim, pénurie, humiliation. J’ai alors commencé à nouer des contacts avec des membres de l’Autorité palestinienne, qui me soutiennent. »
Le premier à lui offrir son aide est Mahmoud Al-Habbash, conseiller d’Abou Mazen. A ce moment, il explique que le Hamas cherche à éliminer son clan: « Ils ont tué 52 membres de notre clan, dont mon propre frère. Nous sommes des Bédouins, un peuple fier. Une telle humiliation est insupportable. J’ai donc décidé, avec le soutien de l’Autorité palestinienne, de fonder le groupe Abu Shabab. »
Il raconte que dès son arrivée à Al-Mawasi, il a assisté au détournement systématique de l’aide humanitaire par le Hamas : « Ils prennent tout pour leurs hommes. Et s’il reste quelque chose au peuple, tant mieux ; sinon, il crève de faim. J’ai décidé d’agir. J’ai commencé à intercepter les camions, à redistribuer la nourriture. J’ai nourri femmes et enfants pendant des mois. Le Hamas m’a recherché, mais j’ai la conscience tranquille. »
Son initiative a gagné en popularité : des dizaines de jeunes de Gaza l’ont rejoint. « Tous ceux qui avaient des armes sont venus se battre à mes côtés. Ceux qui en avaient caché me les ont remises. Je savais que j’étais sur la bonne voie. Le Hamas est très affaibli sur le terrain. Ils fuient comme des rats. Certes, ils recrutent de nouveaux combattants, mais ce sont souvent de simples adolescents, sans formation, incapables d’utiliser une arme. »
Interrogé sur les pourparlers en cours pour une trêve, Abu Shabab déclare : « Nous voulons le retour des otages israéliens. Que chaque innocent, quel que soit son camp, puisse rentrer chez lui, retrouver ses enfants et sa famille. Le peuple de Gaza a payé un prix insupportable pour une organisation terroriste folle. Nous ne quitterons pas la bande de Gaza. Nous poursuivrons le combat contre le Hamas jusqu’au dernier d’entre nous. »
Les activités de ses hommes dans Rafah et la sécurité dans la zone sont coordonnées avec Al-Habbash, qui leur fournit une aide humanitaire directe. « Des gens viennent de partout, et nous les aidons. Mais beaucoup ont peur de vivre ici, car Israël n’a pas reconnu la zone comme humanitaire, malgré nos ressources – nous avons des puits, et même une école pour les enfants. »
Malgré tout, Abu Shabab nie tout lien avec Israël. « Nous sommes des hommes de paix, de fraternité. Nous ne voulons pas la guerre », insiste-t-il. « Nos liens sont uniquement avec l’Autorité palestinienne. Rien d’autre. »
Il conclut en réfutant les propos récemment attribués à tort à son nom : « Je suis stupéfait par la quantité de citations inventées à partir d’une interview que je n’ai jamais donnée. Dans mon organisation, on affirme même qu’une voix non identifiée aurait été utilisée pour me faire parler. Cela n’a aucun rapport avec la réalité. »