Tout a commencé par une phrase murmurée lors d’un cercle de discussion entre mères de soldats blessés. Une femme, dont le fils avait été amputé d'une jambe, le regard inquiet, a lancé cette question douloureuse : « Qui voudra se marier avec lui maintenant ? ».
Cette question a fait bondir Ossi Ben Tsur, l'une des mères présentes: « Il n’est pas diminué, il est renforcé ! », a-t-elle répondu avec force. « Ce sera un privilège pour celle qui le choisira ».
Ce fut l’étincelle. De cette blessure collective est né un projet, porteur d’un message d’espoir : « 'Hibourei Barzel » — Connexions de fer — une initiative de rencontres dédiée aux soldats blessés et aux femmes en quête d’une relation authentique et engagée.
Face aux inquiétudes de nombreuses mères de soldats en rééducation, Ossi a décidé de montrer que la blessure ne diminue pas la valeur d’un homme — au contraire, elle révèle souvent sa grandeur d’âme, sa résilience et sa profondeur. Très vite, l’initiative s’est propagée parmi les familles, séduisant de nombreuses femmes prêtes à rencontrer ces combattants devenus des héros.
Une des mères a contacté Racheli Huminner, célèbre chad'hanite et fondatrice du site de rencontres religieux « HaBe’er ». Enthousiasmée, elle a rejoint le projet avec un groupe de collègues — tous bénévoles, que Ossi appelle affectueusement : « les assembleurs de cœurs ».
Pour garantir un processus bienveillant et sérieux, le projet s’est étoffé d’une équipe de coachs conjugaux, qui accompagnent les participants tout au long de la relation naissante. Un soutien est également prévu pour les accompagnants eux-mêmes, conscients que chaque histoire porte en elle des fragilités particulières.
Ce dispositif unique en Israël offre bien plus qu’un simple service de rencontres : il représente un acte de réparation sociale et humaine, une manière de dire à ces soldats que leur blessure ne les définit pas, et que l’amour peut être un espace de reconstruction.
Un bouton spécial a été ajouté sur le site de rencontres « HaBe’er », redirigeant vers une page d’inscription dédiée au projet. Les femmes candidates sont invitées à décrire leur niveau de religiosité, leurs centres d’intérêt, ainsi que le type de partenaire qu’elles recherchent. Du côté des soldats blessés, un champ spécifique a été intégré pour qu’ils puissent détailler la nature de leur blessure et leur état physique actuel.
À la surprise générale, plus de 700 femmes se sont inscrites en un temps record, le site a même été hors service pendant un temps, saturé par le nombre important de demandes. « Des filles m’appellent encore chaque jour, mais je suis obligée de leur dire qu’on ne peut plus accepter de nouvelles inscriptions pour l’instant », confie l’une des organisatrices. Bien que le projet soit encore en phase pilote, ses premiers résultats sont déjà tangibles : deux couples se sont formés, et le nombre de participants ne cesse de croître.
Le projet s’étend désormais au-delà des seules rencontres issues de la plateforme. Des soldats blessés ayant trouvé l’amour par d’autres biais peuvent également bénéficier de l’accompagnement personnalisé proposé par les coachs conjugaux et les bénévoles impliqués.