Israël

Sergueï Brin, cofondateur de Google, prend la défense d'Israël

«Utiliser ce mot de génocide dans le contexte de Gaza est profondément offensant pour de nombreux Juifs qui ont vécu un génocide réel »

3 minutes
9 juillet 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Sergueï Brin, cofondateur de Google,  prend la défense d'Israël
Sans crédit

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Sergueï Brin, l’un des fondateurs de Google et figure majeure de la Silicon Valley, a vivement critiqué l’Organisation des Nations unies, l’accusant d’antisémitisme, après la publication d’un rapport mettant en cause l’implication de Google dans les opérations militaires israéliennes à Gaza.

Lors d’un échange interne avec les employés du groupe, dans le forum dédié à la division d’intelligence artificielle Google DeepMind, Brin a dénoncé le caractère biaisé du rapport onusien et a mis en garde contre l’usage du terme « génocide » pour qualifier les actions israéliennes. « Utiliser ce mot dans le contexte de Gaza est profondément offensant pour de nombreux Juifs qui ont vécu un génocide réel », a-t-il écrit, selon des captures d’écran authentifiées par le Washington Post. Il a ajouté : « Je me méfierais aussi de l’ONU, qui est manifestement antisémite sur ce type de sujet. »

Le rapport incriminé, publié par Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, accuse plusieurs entreprises technologiques, dont Google et sa maison-mère Alphabet, de tirer profit de ce qu’elle qualifie de « génocide commis par Israël à Gaza », notamment à travers la fourniture de services cloud et d’intelligence artificielle au gouvernement israélien et à l’armée. Francesca Albanese est régulièrement accusée de partialité et d’antisémitisme par Israël et ses alliés ; Washington a même demandé sa révocation.

Dans une déclaration transmise par son porte-parole, Sergueï Brin a précisé que ses propos répondaient à « une discussion interne basée sur un rapport manifestement biaisé et trompeur ». Google et l’ONU n’ont pas souhaité commenter les révélations du Washington Post.

Les réactions de Brin sont rares dans les forums internes de Google, qui regroupent plusieurs milliers d’employés, notamment des ingénieurs spécialisés en intelligence artificielle. Ses propos ont cependant suscité confusion et malaise parmi certains salariés, alors que la direction de Google fait face depuis plusieurs années à une contestation interne sur ses relations commerciales avec l’État hébreu.

Le rapport onusien recommande d’engager des poursuites contre plusieurs entreprises pour leur rôle dans les opérations militaires israéliennes à Gaza. Il cible particulièrement le projet « Nimbus », un contrat cloud d’1,2 milliard de dollars signé en 2021 par Israël avec Google et Amazon, qui ont fourni des infrastructures cloud et d’intelligence artificielle après la défaillance des systèmes internes de Tsahal à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre.

Officiellement, Google affirme vouloir limiter ses liens avec les institutions sécuritaires israéliennes. Mais en janvier, des documents internes obtenus par le Washington Post révélaient que les équipes cloud de l’entreprise avaient directement aidé le ministère israélien de la Défense et l’armée à déployer des technologies d’intelligence artificielle après l’attaque du Hamas.

Début 2024, Google a discrètement modifié ses lignes directrices éthiques en supprimant l’interdiction faite à l’IA d’être utilisée à des fins militaires ou de surveillance. Ces règles avaient été édictées en 2018 à la suite de mobilisations internes contre les contrats militaires de l’entreprise, et affirmaient l’engagement de Google à développer ses technologies dans le respect des droits humains et du droit international.

Google et Amazon, comme d’autres géants du secteur, font face depuis plusieurs années à des contestations de leurs employés dénonçant leurs contrats militaires avec Israël. L’an dernier, après avoir licencié des salariés opposés au projet Nimbus, le PDG Sundar Pichai avait rappelé dans un mémo interne que « l’entreprise n’est pas un lieu pour débattre de questions controversées ou faire de la politique ».

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