Des discussions secrètes entre hauts représentants israéliens et syriens se sont récemment tenues à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan — un pays ami des deux parties. Selon un responsable syrien, ces échanges s'inscrivent dans une série de contacts menés sous l’impulsion directe du président américain Donald Trump, avec pour objectif : poser les jalons d’une normalisation graduelle.
Un processus par étapes, sans remise en cause du statut du Golan
Selon cette même source, les réunions ne datent pas d’hier. Certaines ont eu lieu en Turquie ou ailleurs, toujours sous égide américaine, et toujours dans la plus grande discrétion. Le processus envisagé comprend trois phases :
Phase 1 : retrait de Tsahal du sud de la Syrie, sans évoquer pour l’instant la question de la souveraineté sur le Golan — mise entre parenthèses pour faciliter une avancée initiale.
Phase 2 : arrêt des escalades militaires et déploiement de forces tampon le long de la frontière.
Phase 3 : discussions plus poussées sur les volets politiques, dans l’optique d’un accord partiel à l’image des « Accords d’Abraham », mais sans résolution immédiate des contentieux les plus sensibles.
Toujours selon ce responsable syrien, les interlocuteurs présents à Bakou sont proches du président Al-Joulani et disposent de son feu vert pour négocier. Si ce dernier n’a pas assisté en personne à la dernière rencontre, sa présence simultanée dans la capitale azerbaïdjanaise traduirait un niveau élevé de coordination. Du côté israélien, la neutralité active de l’Azerbaïdjan offre un terrain propice à des avancées.
Trump fait pression – surtout sur Jérusalem
Dans les coulisses, Donald Trump jouerait un rôle moteur, en insistant surtout auprès du gouvernement israélien. D’après les informations recueillies, l’administration américaine chercherait à intégrer Damas dans une architecture régionale plus large, et aurait affirmé à Jérusalem que « la Syrie d’aujourd’hui est un partenaire possible pour la paix », incitant ainsi à ne plus considérer le régime syrien comme un ennemi irrémédiable.
Pour l’heure, la question du Golan reste suspendue, avec l’idée que sa résolution soit renvoyée à plus tard, afin de permettre des progrès dans d'autres domaines, y compris une éventuelle ouverture de bureaux de liaison à caractère diplomatique.
Pas de normalisation (encore), mais une stratégie d’apaisement
Côté syrien, des précisions ont été apportées par la presse officielle. Le journal Al-Watan a indiqué que la récente visite du président Al-Joulani à Bakou n’était pas anodine, mais s’inscrivait dans une volonté de diversification des alliances de la Syrie, bien au-delà de ses partenaires historiques. L’Azerbaïdjan est ainsi perçue comme une « plateforme diplomatique flexible », ayant des canaux actifs avec Israël comme avec la Turquie.
Damas tient néanmoins à rassurer ses alliés : « Il n’y a pas de processus de normalisation engagé », a martelé une source syrienne. Les rencontres visent avant tout à faire cesser les frappes israéliennes dans le sud syrien et à rétablir le respect de l'accord de séparation de 1974, mis à mal ces dernières années.
La posture officielle demeure donc prudente : il s'agit d'une démarche de désescalade, pas d’un accord de paix imminent. Mais pour les observateurs avertis, ces échanges témoignent d’un glissement lent mais réel, où l’intérêt mutuel pourrait l’emporter — du moins temporairement — sur les hostilités de principe.