À 6h29, une salve de roquettes s’abat sur le sud d’Israël. Onze minutes plus tard, 15 membres de l’unité d’élite Nukhba du Hamas pénètrent en Israël à bord de deux véhicules et convergent vers Ofakim. 25 civils et 8 membres des forces de sécurité seront assassinés en moins de 40 minutes. Une enquête militaire publiée ce matin par Tsahal met en lumière une série de défaillances critiques dans la gestion de l’événement, mais aussi une résistance civile et policière exceptionnelle et une opération de sauvetage d’otages devenue emblématique.
Arrivés trop tard, sans vision claire
Selon l’enquête, les terroristes ont délibérément visé le quartier de Moshav Gefen, une zone résidentielle sans abris anti-aériens privés. Les cartes retrouvées sur les assaillants portaient la mention explicite : « quartier sans protection ». L’objectif était clair : forcer les habitants à sortir dans la rue pour se réfugier dans les abris publics, afin de les cibler plus facilement.
Les unités de Tsahal déployées n’avaient aucune vision d’ensemble. Le bataillon Dekel, pourtant situé à proximité, est arrivé à 9h10, soit bien après la fin des combats. Pire encore : ils ont d’abord été dirigés vers la mauvaise zone, et ont dû marcher 30 minutes à pied avant d’atteindre le bon quartier. À ce stade, les rues étaient déjà sous contrôle. Alors que la situation nécessitait des renforts ailleurs, trois compagnies sont restées inutilement à Ofakim, tandis que seulement deux ont été redéployées vers Kissoufim à 14h30.
Des citoyens et policiers ont stoppé le massacre
Face à ces défaillances, la bravoure des civils armés et des policiers s’est révélée décisive. Un trio improvisé – un policier, un civil et un jeune officier de Bahad 1 – a engagé le combat rue Beit Vagan. Deux y ont laissé la vie, le troisième a été blessé. Dans plusieurs rues, des habitants et policiers ont réussi à neutraliser des cellules terroristes entières, parfois sans renfort ni couverture.
« Personne ne savait vraiment ce qui se passait »
Le rapport souligne aussi l’absence totale de centre de commandement municipal à Ofakim le jour de l’attaque, ainsi que les lacunes de coordination entre Tsahal, la police et la mairie. Des dizaines de fausses alertes ont semé la confusion. En réalité, tous les terroristes opéraient dans trois rues concentrées – une information qu’un centre local bien connecté aurait pu identifier en temps réel.
Depuis, la ville s’est équipée : centre de commandement actif, groupe d’intervention rapide, armurerie, et connexion des caméras de surveillance au réseau de sécurité.
Le maire : « L’armée n’était pas là quand on avait le plus besoin d’elle »
« On a entendu la vérité, et elle est douloureuse », a déclaré le maire d’Ofakim, Itzik Danino. « Tsahal n’était pas là quand on avait le plus besoin de lui. Mais il a su apprendre, se redresser, et il combat chaque jour sur plusieurs fronts. Les héros d’Ofakim ne viennent pas des légendes – ils vivent parmi nous. »
En résumé : les principales conclusions de l’enquête militaire
Échec défensif : Tsahal n’a pas su protéger Ofakim.
Absence de coordination : les forces ont été envoyées dans la mauvaise direction.
Bravoure sur le terrain : civils, policiers et soldats ont combattu corps à corps pour stopper le massacre.
Ressources mal allouées : des unités sont restées inutilement sur place au lieu d’être redéployées dans des zones critiques.
Leçon stratégique : pour la première fois, Tsahal a compris qu’un ennemi pouvait s’infiltrer en profondeur dans une ville israélienne.
Le récit du YAMAM : sauvetage sous tension, une première depuis 1994
En parallèle, la police a publié son propre rapport, centré sur l’opération du YAMAM -unité d'élite- qui a permis de libérer Rachel -qui a proposé des petits gâteaux aux terroristes- et David Edri, retenus en otages. « C’était la première fois depuis l’affaire Nachshon Wachsman en 1994 que le YAMAM menait une telle mission de libération d’otages en milieu urbain », a déclaré le commandant adjoint de l’unité, le commissaire L’.

David, z'l, et Rahel Edri
Durant 14 heures, les hommes du YAMAM élaborent un plan d’assaut, tout en composant avec des explosifs, des pièges, des missiles Strela – et un ennemi bien préparé. L’assaut final ne dure que deux minutes : quatre terroristes sont tués, les otages extraits sains et saufs, trois membres des forces sont blessés – dont un grièvement, aujourd’hui revenu au combat.
Parmi les premiers à pénétrer dans la maison figurait le major Yitav Lev Halevy, tué sept mois plus tard lors d’une opération antiterroriste en Judée-Samarie. « Je voulais que vous connaissiez son nom », a conclu son supérieur.