Vie politique

Shas quitte le gouvernement, mais reste dans la coalition

Un retrait qui pèse bien plus lourd politiquement que celui de Yahadout HaTorah, les ministres démissionnaires occupant des postes de premier plan

3 minutes
16 juillet 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Shas quitte le gouvernement, mais reste dans la coalition
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La décision est tombée à l’issue d’une réunion exceptionnelle du Conseil des Sages de la Torah de Shas : le parti sépharade ultra-orthodoxe se retire du gouvernement, à l’instar de Yahadout HaTorah, mais choisit – pour l’instant – de ne pas faire tomber la coalition. Une stratégie de pression, sans rupture totale, dictée par le rejet du projet de loi sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes.

En coulisses, Benyamin Netanyahu a tenté de convaincre les représentants de Shas de patienter encore un peu. « Accordez-nous un délai », leur a-t-il demandé. Mais l’impasse semble totale : « On ne peut pas siéger dans un gouvernement qui persécute les étudiants en Torah », a déclaré le ministre des Affaires religieuses Michaël Malchieli. Il a néanmoins précisé que Shas ne coopérerait « en aucun cas avec la gauche ».

Conséquence directe de cette décision : tous les ministres et vice-ministres de Shas vont démissionner de leurs fonctions gouvernementales. Seule exception : le chef de Shas, Arié Derry, qui continuera à participer aux réunions du cabinet et aux discussions sécuritaires.

Dans le même temps, et face à l’urgence du vote sur le plan d’indemnisation des citoyens israéliens, le président de la coalition, Ofir Katz du Likoud, a été nommé président temporaire de la commission des finances en remplacement de Moshe Gafni de Yahadout HaTorah qui a lui aussi claqué la porte.

Avec cette série de défections, la coalition ne tient plus qu’à un fil : 60 députés exactement. Le député Avi Maoz du parti Noam joue désormais le rôle de « joker », intervenant ponctuellement pour sauver les votes. Contrairement à Yahadout HaTorah, qui a quitté en bloc gouvernement et coalition, Shas opte pour une tactique plus nuancée : rester à l’intérieur pour faire pression, observer si la défection de leurs alliés ashkénazes produit un électrochoc – et sinon, aller jusqu’au bout.

Mais le retrait de Shas pèse bien plus lourd politiquement que celui de Yahadout HaTorah : les ministres qui démissionnent occupaient des postes de premier plan. Jusqu’à présent, Deri faisait office de médiateur discret mais efficace, notamment durant les tensions autour de la riposte israélienne à l’Iran. Cette fois, même sa patience semble avoir atteint ses limites.

Pour Yair Lapid, leader de l’opposition, cette décision transforme de facto le gouvernement Netanyahu en gouvernement minoritaire. qui n'a ni légitimité, ni autorité. « Il est temps d’aller aux élections. »

La crise actuelle trouve son origine dans les désaccords internes autour du projet de loi sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes.