Dans les monts Qandil, les flammes d’un feu de camp marquent la fin d’une époque : les combattants kurdes rendent les armes. En Syrie, des Palestiniens obtiennent la résidence. La diplomatie régionale, autrefois explosive, devient un jeu d’alliances patient. Et dans ce rééquilibrage, Israël paie le prix fort, pendant que la Turquie engrange les gains.
Faute de poser des lignes rouges stratégiques claires, Israël risque d’être aspiré dans un nouveau type de conflit : non une guerre ouverte, mais un affrontement diplomatique, fondé sur l’érosion progressive de son influence.
Depuis vingt ans, la Turquie bâtit un projet néo-ottoman ambitieux, porté par une population jeune, une industrie de défense locale, et une diplomatie habile entre Moscou et l’OTAN. Ce n’est plus une quête de pertinence : c’est une volonté de leadership.
Jusqu’à récemment, quatre obstacles limitaient Ankara : l’Iran, le régime syrien, le Hezbollah, et la rébellion kurde. Mais les efforts d’Israël pour contenir ces menaces ont, paradoxalement, ouvert la voie à la Turquie.
Avec le désarmement du PKK, le dernier obstacle tombe. Et au lieu de reconnaissance, Ankara répond par l’hostilité : Erdoğan compare Israël aux nazis, son ministre affirme que « le problème, c’est Israël ». La Turquie s’implique à Gaza, sabote les rapprochements israéliens, et cherche moins à influencer qu’à imposer.
Ankara redessine déjà l’ordre régional. Les dossiers diplomatiques passent par ses canaux. La grammaire géopolitique du Moyen-Orient se parle désormais en turc.
Face à cela, Israël doit réagir. Par une stratégie claire et des alliances renforcées avec la Grèce, Chypre, l’Égypte, l’Arabie saoudite — tous méfiants de l’ambition turque. Et avec un partenariat stratégique accru avec les États-Unis.
Enfin, la Turquie doit être exclue de toute gestion du dossier palestinien, non par vengeance, mais pour révéler ses véritables intentions.
Le bras de fer a déjà commencé. Froid, feutré, mais bien réel.