À la veille de possibles pourparlers à Istanbul entre des représentants de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des envoyés iraniens, une question cruciale se pose : ces discussions relanceront-elles les négociations nucléaires ? L’Iran, sous la menace européenne du rétablissement automatique des sanctions – le fameux mécanisme de "snapback" – tente une nouvelle fois de revenir à son refrain favori : poursuivre l’enrichissement d’uranium sur son propre sol. Téhéran espère que les Européens parviendront à rapprocher les Américains de ses positions.
Mais pour l’instant, il semble évident que les Iraniens cherchent à gagner du temps : ils envoient des délégués de second rang – de simples vice-ministres – comme si nous étions encore en 2021 face à l’administration Biden. Ils n’ont toujours pas tiré les leçons du conflit récent et s’enlisent dans leur tactique favorite.
Malgré les discours et les menaces de se retirer des négociations, Téhéran n’a pas de plan B. Elle continue d’agiter les mêmes menaces, notamment celle de fermer le détroit d’Ormuz. Mais un fait marquant : le volume des menaces verbales contre Israël a chuté de manière significative depuis le début de la guerre. Ce silence en dit long.
Tant que les États-Unis restent en dehors du jeu, ces pourparlers sont voués à l’échec. Et même si les Européens tentent de maintenir un lien, ils n’ont plus qu’un seul levier : celui de la menace des sanctions.
Pendant ce temps, Téhéran cherche à donner l’illusion d’un changement, annonçant – non sans mise en scène – qu’elle accueillera une délégation technique de l’AIEA dans les prochaines semaines. Mais précision importante : cette délégation n’aura pas accès aux sites nucléaires. Il s’agira de simples discussions exploratoires – en clair, un simulacre.
Le ministre iranien des Affaires étrangères lui-même reste vague lorsqu’on l’interroge sur l’état de l’uranium enrichi sur le sol iranien. Tout cela donne le sentiment que, pour les Iraniens, cette nouvelle phase de négociation n’est qu’un épisode de plus dans une série qui ne mène nulle part.
Conclusion ? Tant que Téhéran continue d’inviter l’AIEA à « visiter », mais sans permettre de véritable accès, il ne peut y avoir de progrès réel.