Tsahal a mené ce jeudi au moins douze frappes aériennes dans le sud du Liban et dans la vallée de la Bekaa. Objectif : empêcher le Hezbollah de se réimplanter le long de la frontière israélo-libanaise.
Dans ce contexte tendu, le président libanais Joseph Aoun a lancé hier un appel solennel au désarmement de toutes les factions armées, estimant que la stabilité du Liban passe par le monopole de l’armée sur l’usage de la force : « Nous devons choisir entre effondrement et stabilité, et j’ai choisi un avenir meilleur. Il est de notre devoir historique de restituer les armes à l’État et à ses forces de sécurité. »
En opposition frontale, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a rejeté toute idée de désarmement, déclarant : « Celui qui veut que nous remettions nos armes veut que nous les offrions à Israël. Ces armes sont destinées à la lutte, pas à des enjeux internes. » Selon lui, les pressions américaines pour que le Hezbollah rende ses missiles, drones et roquettes sont une tentative à peine voilée de désarmer la résistance au profit d’Israël.
Le président Aoun a, par ailleurs, précisé les modifications apportées par le Liban au document américain en discussion :
Cessation immédiate et totale des "agressions israéliennes", y compris les "assassinats ciblés".
Retrait complet de Tsahal jusqu’à la ligne frontalière reconnue, et libération des prisonniers.
Désarmement de toutes les milices, y compris le Hezbollah, au profit de l’armée.
Aide internationale à hauteur de 1 milliard de dollars par an pendant dix ans pour renforcer les capacités militaires du pays.
Organisation d’une conférence internationale de soutien au Liban à l’automne.
Résolution du dossier des réfugiés syriens, lutte contre les trafics, et relance de secteurs alternatifs.
Le Hezbollah aurait entamé des préparatifs logistiques en vue d’un nouveau conflit et aurait demandé à des municipalités du sud et du nord du Liban d’ouvrir mosquées et bâtiments publics pour accueillir d’éventuels déplacés. Des distributions de matériel auraient également été effectuées.
Il convient de noter que les menaces internationales ne se limitent pas au domaine militaire : si le Hezbollah persiste à refuser le désarmement, le Liban risque des sanctions économiques lourdes, dont l’interdiction d’importer du pétrole et de la farine, ou encore des restrictions sur les transferts financiers.
Le Liban apparaît aujourd’hui pris en étau entre deux visions inconciliables : celle du président Joseph Aoun, qui plaide pour une restauration de l’autorité étatique, une sortie de crise par le consensus politique et l’ouverture au monde. Et celle du Hezbollah, qui se considère comme le garant de la résistance face à Israël, refuse toute reddition, et renforce ses capacités militaires.