L'ancien chef des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, Zakaria Zubeidi, libéré lors du dernier accord d'échange d'otages en janvier, livre une réflexion désabusée sur l'échec du terrorisme palestinien dans une interview accordée au New York Times.
Ce commandant des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa pendant la Seconde Intifada a organisé des dizaines d'attentats visant des civils israéliens. Il s'était ensuite reconverti en directeur de théâtre avant d'être emprisonné pour récidive terroriste. Il a également marqué les esprits pour son évasion spectaculaire de la prison de Gilboa par un tunnel en 2021, avant d'être recapturé environ un mois plus tard.
Dans cette interview, Zubeidi dresse un bilan amer de son parcours. « Rien de tout cela n'a contribué à l'établissement d'un État palestinien, et cela pourrait ne jamais servir », confie-t-il, qualifiant son parcours de terroriste, de metteur en scène et de prisonnier d'« inutile ».
« Nous devons repenser nos outils. Nous avons fondé un théâtre, nous avons tenté la résistance culturelle – qu'est-ce que cela a donné ? Nous avons essayé les armes, cela n'a rien donné non plus. Il n'y a pas de solution », poursuit-il.
Zubeidi affirme avoir subi des violences lors de sa dernière incarcération, déclarant que ses dents et sa mâchoire avaient été cassées et qu'il avait été battu à plusieurs reprises par les gardiens dans les semaines suivant octobre 2023. Des allégations fermement démenties par l'administration pénitentiaire israélienne.
À sa sortie de prison, l'ancien chef terroriste dit avoir découvert l'ampleur des destructions : Gaza ravagée par les bombardements israéliens, de vastes zones de Jénine, sa ville natale, détruites et dépeuplées suite aux raids contre les foyers terroristes. Sa propre maison se trouve désormais dans une zone bouclée par Tsahal, et son fils de 21 ans a été tué lors d'une attaque israélienne à Tubas. « Mais quelle est la solution ? Je me pose cette question », s'interroge-t-il aujourd'hui.
« L'Intifada a échoué, tout comme l'Autorité palestinienne »
Évoquant son évasion spectaculaire, Zubeidi explique : « Il était impossible d'être emprisonné sans rechercher la liberté. Un prisonnier qui ne songe pas à s'évader ne mérite pas la liberté. » Mais il reconnaît que cette action n'a eu que peu d'impact, ayant toujours su qu'elle se terminerait « par la mort ou une nouvelle capture ».
Cette évasion a d'ailleurs entraîné un durcissement des conditions de détention pour les prisonniers palestiniens, illustrant selon lui les obstacles auxquels font face les Palestiniens, qu'ils s'opposent à Israël « pacifiquement ou violemment ».
L'analyse de Zubeidi porte ainsi un regard critique sur l'ensemble des approches palestiniennes : « L'Intifada a échoué, tout comme l'Autorité palestinienne », constate-t-il. La raison selon lui ? Israël est « trop fort pour être vaincu par la violence et trop égoïste pour récompenser un véritable partenariat palestinien ».
« Nous ne pouvons pas être déracinés d'ici, et nous n'avons pas non plus les outils pour déraciner les israéliens », poursuit-il.
Zubeidi indique dans cette interview entamer actuellement un doctorat à l'Université de Birzeit, espérant que cette démarche l'aidera à « mieux comprendre la complexité du conflit ».