Cette nuit (mardi à mercredi) la mobilisation des employés pro-palestiniens de Microsoft a franchi un nouveau seuil : sept personnes ont été arrêtées par la police après avoir occupé le bureau du président de Microsoft, Brad Smith. Selon le collectif No Azure for Apartheid, parmi les interpellés figurent des employés actuels et anciens du groupe. Les militants ont diffusé leur action en direct sur la plateforme Twitch, jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre. Smith a confirmé par la suite que deux salariés de l’entreprise comptaient parmi les personnes arrêtées.
Ce n’est pas la première fois que de tels incidents surviennent. La semaine dernière, une vingtaine de manifestants avaient été arrêtés au siège de Redmond, dans l’État de Washington, après avoir dressé des barrages et refusé de quitter les lieux.
D’après une enquête publiée par Bloomberg, la direction a adopté plusieurs mesures pour freiner la mobilisation : coopération avec le FBI et les autorités locales, suppression de contenus internes, licenciements de manifestants. Malgré cela, les militants poursuivent leur campagne par le biais de courriels collectifs, de manifestations bruyantes et de perturbations lors d’événements de l’entreprise.
Le collectif No Azure for Apartheid affirme que les services de cloud Azure et les outils d’intelligence artificielle de Microsoft sont utilisés par l’armée israélienne et d’autres services de sécurité, contribuant selon eux à des atteintes contre des civils palestiniens. L’entreprise rejette catégoriquement ces accusations. Brad Smith a rappelé que Microsoft impose à ses clients de respecter le droit international en matière de droits humains, et qu’elle enquête sur toute violation éventuelle. Une investigation interne a ainsi été ouverte après des informations affirmant que Tsahal utilisait ses serveurs pour stocker des données sensibles, mais une précédente enquête indépendante n’avait trouvé aucune preuve d’un usage abusif des logiciels du groupe.
Le mouvement de contestation a pris de l’ampleur après les attaques du 7 octobre. Si, dans un premier temps, la direction avait affiché son soutien aux employés israéliens et juifs, des tensions sont rapidement apparues avec des salariés palestiniens et leurs soutiens, qui accusaient l’entreprise d’ignorer leurs préoccupations. La contestation a atteint son apogée en avril, lors des célébrations du 50e anniversaire de Microsoft, quand deux jeunes employées ont interrompu les discours officiels, crié des slogans anti-israéliens et jeté des keffiehs sur la scène. Un ingénieur a, par ailleurs, publiquement accusé le PDG Satya Nadella de « perpétuer des crimes de guerre » lors d’un congrès, avant d’être immédiatement licencié.
Au total, plusieurs dizaines de salariés ont été mis à l’écart ou placés sur liste noire, certains dossiers ayant même été transmis au FBI. Bien que le mouvement reste minoritaire (environ 200 membres sur 200000 employés), il parvient à attirer l’attention du grand public et à susciter des débats en interne. Lors de récentes réunions, de nombreuses questions posées à la direction portaient sur ce sujet sensible.
Les militants reconnaissent qu’il est peu probable que Microsoft rompe ses liens avec Israël, mais entendent maintenir la pression et inscrire leur contestation dans un mouvement international croissant de critiques de la politique israélienne.