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L'Union internationale des chercheurs sur le génocide accuse Israël, la procédure fait polémique

La résolution affirme que "les politiques et actions d'Israël à Gaza répondent à la définition juridique du génocide"

3 minutes
3 septembre 2025

ParJohanna Afriat

L'Union internationale des chercheurs sur le génocide accuse Israël, la procédure fait polémique
Destructions à Gaza Photo by Abed Rahim Khatib/Flash90

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L'Union internationale des chercheurs sur le génocide a officiellement accusé Israël de commettre un génocide dans la bande de Gaza, une décision qui divise profondément l'organisation et soulève des questions sur la légitimité du processus adopté.

La résolution de trois pages, adoptée par 86% des votants, affirme que "les politiques et actions d'Israël à Gaza répondent à la définition juridique du génocide, conformément à l'article II de la Convention des Nations Unies de 1948". Toutefois, seuls 129 membres sur les 500 que compte l'organisation ont participé au vote, soit 28% de l'effectif total.

Le document accuse Israël de mener des "crimes systématiques et généralisés contre l'humanité", énumérant des attaques délibérées contre des civils, le refus d'aide humanitaire, la famine organisée et les déplacements forcés. Tout en condamnant "l'horrible attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023", qualifiée de "crime international", l'association appelle Israël à "cesser immédiatement tous les actes qui constituent un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité".

La professeure Melanie O'Brien, présidente de l'association et enseignante à l'Université d'Australie occidentale, a présenté cette décision comme "une déclaration sans équivoque des experts dans le domaine des études sur le génocide".

Un processus dénoncé par des membres

Cependant, la procédure adoptée fait l'objet de vives critiques internes. Sara Brown, spécialiste du génocide et membre de l'association depuis plus de dix ans, a dénoncé auprès du Times of Israel un "manque de professionnalisme embarrassant". Selon elle, la direction a rompu avec les pratiques habituelles en refusant d'organiser le débat traditionnel qui précède les votes sur les résolutions controversées.

"Le contenu de la résolution et la manière dont elle a été imposée témoignent d'un manque de professionnalisme", déclare Sara Brown, également directrice régionale du Comité juif américain à San Diego. Elle critique notamment le fait que la résolution cite des organisations ayant "réinterprété la définition du génocide pour l'appliquer à Israël", comme Amnesty International.

Transparence remise en question

Des échanges de courriels révèlent que la direction avait initialement promis une discussion publique fin juillet, avant de faire volte-face quelques jours plus tard, invoquant un vote du conseil exécutif. L'association a également refusé de publier les opinions dissidentes et de révéler l'identité des rédacteurs de la résolution.

Sara Brown souligne que l'association a récemment élargi ses critères d'adhésion, passant d'un cercle principalement universitaire à un groupe incluant militants et artistes. Cette évolution, si elle apporte "une diversité de points de vue", "ouvre aussi la porte à ce que quelque chose comme cela se produise".

"Il semblerait qu'il s'agisse d'un vote unanime au nom de l'ensemble de l'association. Ce n'était pas le cas", insiste-t-elle. Elle estime que beaucoup de membres se sont abstenus, ne se sentant pas qualifiés pour traiter la question, "ce qui favorise les militants qui cherchent à propager un faux récit sur Israël".

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