Lors de la cérémonie de passation de commandement du Commandement des ''opérations en profondeur'', le général sortant Nimrod Aloni a prononcé lundi un discours sévère comprenant une critique acerbe de l'armée et de son chef d'état-major, qui assistait à l'événement. « Je quitte une armée où la notion de responsabilité a été piétinée et vidée de son sens, et qui a perdu la confiance nécessaire pour reconnaître ses échecs », a-t-il accusé.
Le général sortant a déclaré qu'il « quittait une armée qui sait combattre en zone urbaine, avec une coordination interarmes remarquable, comme nous ne l'avons jamais fait, et probablement comme aucune armée au monde ne sait le faire. Je quitte une armée dotée d'un armement excellent et de solutions pour le combat souterrain, mais surtout je quitte une armée qui possède une immense confiance en sa capacité d'intervenir partout au Moyen-Orient ». Parallèlement à ces propos, Aloni a formulé cette critique cinglante de la conduite de Tsahal concernant la prise de responsabilité face aux échecs.
Aloni, qui a notamment commandé la division de Gaza environ un an avant le 7 octobre, a évoqué les jours précédant la catastrophe : « Il y a deux ans, nous avons tenté de contenir nos ennemis au sud et au nord, pensant que le temps jouerait en notre faveur, favorisant l'économie et la croissance, et que nous pourrions maintenir le statu quo durablement. Nous nous sommes trompés, tous. Je quitte une armée qui comprend qu'elle s'est trompée. Gardez notre serment : plus jamais Nir Oz, plus jamais le massacre de Nova. »
Il a ajouté : « Nous vivons les jours entre Roch Hachana et Kippour, et plus que tout, ce sont des jours de repentance. Dans mon examen de conscience, j'emporterai quatre choses : mon incapacité à empêcher le meurtre de la famille Fogel, ma décision de me rendre au quartier général du Commandement sud dans l'après-midi du 7 octobre à la demande du commandant du secteur au lieu d'aller combattre dans les kibboutzim de la bordure de Gaza, mon échec à mettre en œuvre le Commandement des opérations en profondeur conformément à sa mission, et mes soldats tombés sous mon commandement. »
Le général Nimrod Aloni sera remplacé à son poste par le général Dan Goldfuss, qui a évoqué dans son discours d'entrée en fonction les 48 otages retenus dans la Bande de Gaza depuis déjà 724 jours.

Le général Dan Goldfuss. Photo: Tsahal
« 48 civils, soldats et une femme. Ils attendent là-bas, en appelant à la solidarité mutuelle, à la valeur du compagnonnage, à une délivrance opérationnelle et morale qui les ramènera auprès de leurs familles et de leur patrie. C'est notre devoir. »
Goldfuss a exercé les fonctions de commandant de la 98e division lors de la longue opération à Khan Younès l'année dernière.