Avant de répondre, et en finissant de lire ton article je me suis rappelé la question du journaliste Yair Cherki de Channel 12 il y a quelques mois à un militant juif démocrate new-yorkais : « On a compris qu’on ne pourrait pas vous convaincre du bien-fondé de nos actes, la question est: à quel moment on vous a perdu?«
Entre nous, je situe ce moment vers mi-octobre 2023. Depuis qu’Israël riposte dans cette guérilla, de toutes ses forces. On s’est perdus depuis qu’Israël, face à l’horreur crue, est persuadée que le monde comprendra que sa guerre est juste et légitime, qu’il faut se défendre ou mourir, et devant cette évidence a renoncé à s’expliquer. Parce qu’Israël tombe toujours dans le piège de l’illusion de la normalité: “A notre place vous feriez pareil, voire plus meurtrier, regardez Mossoul”. Israël se perd quand elle perd son identité de “goy gadol” (peuple nombreux porteur d’une mission universelle)
Quels auteurs d’actes gratuits d’extermination?
Les actes gratuits sont ceux des monstres qui distribuent des bonbons quand tombe un soldat ou un civil israélien. Qui le 7 octobre 2023 ont lynché violé en groupe les otages, mutilé puis assassiné des enfants, brûlé des bébés, ceux qui ont tué des gosses et envoyé la video aux parents. Ça oui c’est gratuit.
En perpétrant ce massacre, ce jour, à cet endroit, les gazaouis voulaient exterminer Israël dans ses trois composantes: tuer corps et âmes juifs en les souillant (am Israël), sur la terre d’Israël comme idée d un état refuge (Eretz israël), e jour d une fëte célébrant la Torah (Torat Israël).
Comme partie de la riposte, la ville de Gaza a été effectivement sous le feu nourri de Tsahal. Après que pendant plus d une semaine, les gazaouis aient été enjoints et aidés à évacuer ce dernier bastion du hamas.
Les paroles d’Israël Katz si elles peuvent, je le consens, choquer ailleurs dans le monde, sont celles d’un ministre de la défense d’un pays, pris dans une guerre, qui lui a été imposée. Elles s’adressent avant tout à l’armée d’Israël, dont les réservistes sont au front depuis deux ans pour éliminer une menace . Elle s’adresse aussi à la population de Gaza pour lui montrer que sa tragédie a pour cause ce mouvement terroriste dont elle a tout interêt à se debarasser au lieu de se jeter assoiffée de sang, de viol et d’électromenager le 7 octobre 2023, sur une population paisible du sud d Israël.
Pour rien?
Tu notes, et à juste titre, que des militaires, chefs d’état-major et autre expert israéliens se demandent pourquoi on est encore en guerre alors qu’on n’a “plus rien à y faire”. Quels experts ? Les artisans de la « doctrine » (conceptia) qui était censée nous protéger? Ceux qui se sont rendormis le 7 octobre à 5h du matin quand on leur annonçait que des mouvements inhabituels avaient lieu à la frontière de Gaza? Ou peut-être ceux qui avant le 7 octobre ont débrayé et appelé à ne pas servir pour protester contre la réforme judiciaire ?
A l’heure ou ces lignes sont écrites, le 9 octobre 2025, un accord de cessez-le-feu et restitution immédiate des otages a été conclu. Je te cite un ami réserviste qui a fait 317 jours de guerre, sacrifiant son mariage, son entreprise naissante et son équilibre psychologique: “ les otages reviennent lundi… j’en ai les larmes aux yeux… les copains sont pas morts pour rien”
A qui la faute?
Cher cousin, je ne rejette pas la faute sur l’autre. Aussi barbare et destructrice de paix qu’ait pu être l’attaque du hamas, il me semble qu’effectivement nous avons une part de responsabilité dans ce qui nous arrive. La discorde. Chaque fois que le peuple d’Israël se désunit, une brèche s’ouvre et nous sommes plus faibles.
« Et ils trébucheront, chacun contre son frère, comme devant l’épée, sans qu’il y ait de poursuivant ; et il ne vous sera pas donné de vous maintenir debout face à vos ennemis ». Levitique 26:37 (parasha behoukotai). L’unité du peuple Juif n est donc pas une option mais un impératif de survie et « tout Israël est responsable l’un de l’autre ».
Au contraire de cette injonction, si je comprends ce que tu écris, tu proposes d’aider les partis d’opposition pour renverser le gouvernement en place. Rappelons, au passage; que la coalition actuelle a été élue démocratiquement jusqu’en 2026, et va sans doute s’élargir si l’accord de cessez-le-feu contre les otages se matérialise.
La solution à notre malheur est en nous et certainement pas à rechercher dans des partis (“miflaga” en hébreu a la meme racine que “piloug” la division) ou dans un mouvement mondial de pensée politique qui introduisent de la division.
En outre, la grille de lecture droite gauche extrême etc… n’est pas valable en Israël. Les « démocrates » ex-parti travailliste, et leurs alliés n’ont plus grand-chose à voir avec la gauche. De même certaines lois sociales ou fiscales initiées par des partis dits d’ultra droite auraient fait pâlir de jalousie lLFI en France (notamment sur les revenus réputés distribués des holdings).
Condamnés à la solidarité et à la fraternité
J’ai eu la naïveté de croire que tu avais compris que notre vie s’est arrêtée le 7 octobre 2023. Tant qu’il y aura des otages à quelques kilomètres de chez moi, tant que le pire mouvement terroriste prospèrera à un jet de pierre de l’école de mon fils, ou de la base d’un ami, qu’il y aura un Iran menaçant, notre vie ne pourra pas reprendre normalement. Ceux qui, comme Nadav Lapid, après avoir profité du système israélien, pensent s’illustrer en mettant dos à dos aujourd’hui comme de si nombreux ennemis le font, Israël et le hamas, ont un comportement abject et ne méritent que mépris populaire. Il est indigne de construire une carrière artistique en insultant les victimes de son peuple.
Toutefois, j’ai l’intime conviction que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. Si c’est l’amour du peuple Juif, de la terre d’Israël, alors en toute fraternité il est mon devoir de te dire que la meilleure voie pour les préserver se trouve en nous, en acceptant notre spécificité en Israël ou en Diaspora depuis plus de 3330 ans. Nous devons avant tout chercher à être nous-mêmes et pas plaire ou ressembler aux autres.
La fête de Soukot qui est la seule à ne pas avoir été reprise par les nations du monde est la parfaite illustration de cette fraternité: tout le monde doit siéger dans cette Souka (cabane légère) quel que soit son rang, son âge. Diversité des quatre espèces dont aucune n’est complète sans l’autre, et célébration des invités spirituels chaque jour (Avraham Itshak yaakov, Moshé, Aaron, Yossef et David) symbolisent l’accueil et les liens entre les générations. Inspirons nous de ce message.
© Johann Habib