Lorsque les attentats, les menaces ou les discours de violence s’inscrivent durablement dans l’actualité, ils risquent de perdre leur caractère de choc. Les médias peuvent contribuer malgré eux à cette banalisation en traitant l’événement comme une information parmi d’autres.
Cependant le terrorisme, qui est une tactique visant des objectifs politiques ou idéologiques, est un danger mortel pour une société. C’est d’ailleurs ce que recherchent les terroristes : plus que les morts des attentats ce sont les centaines de milliers et les millions d’observateurs qui sont visés. Souvent adeptes d’une idéologie mortifère qui valorise plus la mort que la vie, les terroristes et les gouvernements qui les soutiennent sont d’ailleurs un plus grand danger pour la planète que le changement climatique ! En effet quoi attendre de ceux qui seraient prêts à faire sauter la planète avec des armes atomiques pour rejoindre plus rapidement leur récompense dans un monde futur !
La couardise de certains gouvernements est responsable de la continuation du terrorisme international comme national, et de l’accoutumance au terrorisme qui s’ensuit. Cette accoutumance peut affaiblir la vigilance démocratique : des mesures exceptionnelles deviennent permanentes, et l’on s’habitue à vivre sous la menace. Enfin, la banalisation peut servir les objectifs mêmes du terrorisme, qui cherche à s’imposer dans le quotidien et à remodeler les comportements par la peur.
Avec le problème palestinien le vingtième siècle a développé comme jamais auparavant le terrorisme au service de l’idéologie. En effet toute personne sensée sait bien que le problème des territoires n’est qu’un prétexte à une guerre de religion qui a pour nom le jihad. Il s’agit donc d’un terrorisme au profit d’une guerre sainte. Le terrorisme s’est invité dans la vie quotidienne de tous les pays du monde : les aéroports, les moyens de transports, les lieux de culte, même les supermarchés doivent être sous surveillance. Il est devenu presque normal de perdre des heures pour passer les sécurités d’aéroport, de payer des centaines de milliers de personnel de sécurité à travers le monde et de déployer des équipements exorbitants.
Effectivement, au-delà des conséquences humaines et sociales, le terrorisme international plombe l’économie mondiale. Des milliers de milliards ont été engloutis dans des guerres lointaines, des dispositifs de surveillance massifs, des armées privées, des technologies de contrôle et des politiques sécuritaires.
Depuis les années 1990, et plus encore après le 11 septembre 2001, la « guerre contre le terrorisme » est devenue un gouffre financier. Le coût total du terrorisme pour l’économie mondiale entre 2000 et 2018 s’élevait à environ 855 milliards de dollars. Pour l’Union Européenne seule entre 2004 et 2016, les attaques terroristes auraient entraîné une perte cumulée d’environ 180 milliards d’euros de produit intérieur brut.
Imaginons un instant que ces ressources aient été investies dans la recherche médicale mondiale. Des milliers de laboratoires supplémentaires, une coopération internationale massive, des essais cliniques accélérés, des infrastructures de santé modernisées partout sur la planète. Le cancer ne serait probablement plus une condamnation, mais une maladie chronique contrôlable. Les maladies rares ne seraient plus abandonnées faute de rentabilité. Les pandémies auraient été anticipées bien avant de paralyser le monde. Le vieillissement, la douleur chronique, les troubles neurodégénératifs auraient fait l’objet d’une mobilisation scientifique comparable à celle déployée pour traquer des ennemis invisibles.
Certes l’argent ne guérit pas tout. Mais l’histoire montre que chaque avancée majeure en médecine — vaccins, antibiotiques, imagerie, greffes, thérapies géniques — a été le fruit d’investissements massifs et volontaristes. Affirmer que toutes les maladies auraient déjà été résolues est peut-être excessif mais il n’est pas utopique de penser qu’au lieu d’ajouter les souffrances du terrorisme a l’humanité on aurait pu éliminer les souffrances de milliards d’individus !
Les gouvernements occidentaux ont la responsabilité de prendre à bras le corps le problème du terrorisme, non pas comme une fatalité du quotidien mais comme un combat qui ouvrira des horizons meilleurs sur le futur, et au passage la sante des peuples.
Avec ses lumières symboles de la connaissance et de la sagesse, Hanouka vient de célébrer l’idée que la connaissance éclaire le monde sur les plans spirituel et intellectuel pour un avenir meilleur et éteigne l’obscurantisme des idéologies mortifères.
Paul Kamoun est conseiller consulaire de la circonscription de Jérusalem (Alliance Solidaire Français de l’Etranger) et Directeur Général, Entreprise de Biotechnologie