Alors que le cessez-le-feu à Gaza a replacé Ankara au centre du jeu régional, la Turquie poursuit sa ligne ouvertement anti-israélienne. La cible cette fois : l’alliance stratégique entre Israël, Chypre et la Grèce.
Selon les médias turcs, le déploiement récent de systèmes de défense israéliens Barak MX sur l’île de Chypre a provoqué la colère d’Ankara, qui accuse Jérusalem de vouloir créer une « ceinture d’étranglement » autour de la Turquie et dénonce un supposé « occupation sioniste » de l’île.
Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, pressenti comme successeur d’Erdogan, a appelé à « dissoudre la coalition israélo-grecque-chypriote », avertissant : « La Turquie frappera la première si nécessaire. »
La tension s’est encore accrue après l’intervention turque dans la campagne présidentielle de la République turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par Ankara. Les autorités turques ont tenté d’y maintenir au pouvoir le président pro-Erdogan Ersin Tatar, mais c’est son rival, le laïc Tufan Erhurman, qui a remporté l’élection.
Selon plusieurs analystes, Ankara tente de présenter Israël comme une menace expansionniste, accusée d’acheter des terres à Chypre et de chercher à encercler la Turquie « par une conquête silencieuse, comme en Palestine ».
Les déclarations du président chypriote Nikos Christodoulides, qui souhaite que des entreprises chypriotes participent à la reconstruction de Gaza, ont ajouté de l’huile sur le feu : Ankara redoute que Chypre ne s’empare d’une part du marché estimé à 70 milliards de dollars.
En toile de fond, le tourisme israélien à Chypre bat des records, avec plus de 80 000 visiteurs en septembre — un bond de 47 % par rapport à 2024 —, renforçant encore la présence israélienne sur l’île et la méfiance d’Ankara.
Cette crispation illustre une Turquie « revancharde » refusant de reconnaître la délimitation des eaux en Méditerranée orientale. Aux yeux d’Ankara, tout renforcement du lien Israël-Chypre-Grèce est perçu comme une menace directe à sa souveraineté.
De son côté, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, rejette la proposition du président Donald Trump d’intégrer la Turquie au sein de la force internationale de stabilisation dans la bande de Gaza.
La participation éventuelle d’entreprises turques à la reconstruction du territoire demeure elle aussi hautement incertaine, sur fond de tensions diplomatiques persistantes entre Jérusalem et Ankara.