Culture

Disparition du dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie

Michael Samus, dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie, s'est éteint ce jeudi. Il avait consacré sa vie d'après-guerre à l'enseignement de la Shoah et à la lutte contre l'antisémitisme.

3 minutes
23 octobre 2025

ParGuitel Benishay

Disparition du dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie
Photo: page FaceBook de l'ambassade d'Israël en Allemagne

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Michael Samus, dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie, s'est éteint ce jeudi, à l'âge de 99 ans. Il avait consacré sa vie d'après-guerre à l'enseignement de la Shoah et à la lutte contre l'antisémitisme.

Tout au long de la Shoah, il a maintes fois risqué sa vie avec courage, luttant pour sa survie tout en venant en aide à d'autres prisonniers dans le ghetto de Varsovie, et ce même après avoir été capturé par les nazis et déporté dans les camps de concentration. Sa résilience et son courage témoignent d'un esprit remarquable et exceptionnel.

Il y a un mois, l'ambassadeur d'Allemagne en Israël, Steffen Seibert, lui avait remis la « Croix de l'Ordre du Mérite », la plus haute distinction décernée par la République fédérale d'Allemagne, en reconnaissance de sa contribution à l'enseignement de la Shoah et à la promotion du dialogue germano-israélien.

Né en 1926 à Dantzig, Samus fut transféré en 1940 au ghetto de Varsovie avec son père, où il vécut jusqu'en 1943. « Les conditions étaient extrêmement dures, la faim et les maladies régnaient. Par chance, nous travaillions tous les deux dans une usine qui réparait du matériel militaire pour l'armée allemande », avait-il raconté lors de la dernière commémoration de Yom HaShoah.

Michael rejoignit la résistance clandestine du ghetto, faisant passer des armes en contrebande et préparant des cocktails Molotov en vue du soulèvement. « La grâce divine a joué en ma faveur : je suis resté l'un des derniers habitants du ghetto de Varsovie, alors que des dizaines de milliers de personnes étaient déjà mortes. Les nazis voulaient présenter le ghetto sous un jour positif, comme une réussite en quelque sorte, et avaient convoqué des journalistes. C'est pour cette raison qu'ils ne nous ont pas tués. Plus tard, nous avons été envoyés dans différents camps d'extermination », avait-il confié.

« En avril 1945, nous avons été emmenés dans une marche de la mort qui a duré sept jours et sept nuits... sous la pluie et sans nourriture. Cette marche s'est terminée pour nous lorsque nous sommes arrivés au village de Stamsried. Avec quelques camarades, dans nos dernières forces, nous nous sommes échappés de la route vers une ferme. Le vieux fermier allemand nous a apporté du lait – après sept jours et sept nuits sans nourriture, où nous n'avions bu que de l'eau de pluie en chemin. J'ai bu ce lait réconfortant et je me suis évanoui. Je me suis réveillé dans une ambulance de l'armée américaine. Ce fut ma seconde naissance – une fois à Dantzig, une fois à Stamsried. »

Après avoir vécu aux États-Unis, Samus fit son aliyah en 1979. « Pendant longtemps, je suis resté silencieux et n'ai pas raconté les événements que j'ai vécus, jusqu'au jour où j'ai commencé à peindre. J'ai alors compris que c'était ma façon d'exprimer mes sentiments et de parler des épisodes que j'avais traversés. L'art est devenu ma thérapie et a rendu le sujet plus facile à aborder. Ce n'est qu'après une longue période que j'ai enfin réussi à dormir une nuit entière. »

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