Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé qu’il « ne fera aucun compromis tant que tous les otages ne seront pas ramenés », plaçant la question dans le champ stratégique et sécuritaire.
Mais au-delà de la politique, la halakha voit dans cette exigence un devoir spirituel. Ramener une dépouille pour l’enterrer dignement est une mitsva essentielle, l’une des plus hautes expressions de la hesed shel emet — la bonté véritable, celle que l’on accomplit envers ceux qui ne peuvent plus nous remercier.
Le Talmud enseigne : « Le respect dû au défunt repousse même l’étude de la Torah » (Berakhot 19b). Maïmonide, dans ses Lois du deuil (Hilchot Avel 14:1), précise : « Accompagner le mort, l’enterrer, réconforter les endeuillés : voilà des actes de miséricorde qui n’ont pas de mesure. » Enterrer les morts n’est donc pas un simple rite, mais une réparation spirituelle. Sans cela, ni le deuil ni la paix de l’âme ne peuvent être accomplis.
Dans la tradition juive, l’âme du défunt ne trouve pas de repos tant que sa dépouille n’a pas rejoint la terre. Le Zohar (Vayechi) enseigne que la nefesh erre jusqu’à ce que le corps soit inhumé avec dignité. Ramener les dépouilles, c’est ainsi restaurer l’ordre moral du monde.
Certains rappellent que Moché Rabbénou n’a pas de tombe connue. Mais la Torah précise que Dieu Lui-même l’a enterré — une exception divine. Pour tous les autres hommes, l’inhumation reste un devoir humain, collectif et urgent.
Lorsque la restitution d’un corps est impossible, la halakha permet des rites symboliques : la récitation du kaddish sans sépulture ou l’édification d’un mémorial. Mais ces gestes ne remplacent pas l’obligation première : ramener les morts à leur terre. Car chaque nom a droit à un lieu, chaque âme à une prière.
Dans la guerre qui oppose Israël au Hamas, les corps sont devenus des instruments de négociation. Pour le gouvernement, c’est une question de stratégie ; pour la halakha, c’est une question de dignité. Tant que ces huit dépouilles reposent encore à Gaza, le deuil reste suspendu.