La réunion conjointe de la commission des Lois et de la commission des Affaires étrangères et de la Défense tenue ce mercredi matin à la Knesset avait pour but d'analyser les conflits d'intérêts dans l'enquête sur l'affaire des fuites du parquet militaire et les répercussions de la divulgation d'informations concernant la base de Sde Teman. La principale fuite examinée est celle d'une vidéo issue des caméras de surveillance de la base supposée montrer des maltraitances de la part de combattants de la force 100 sur un terroriste palestinien emprisonné.
Au cours de la réunion, des données inquiétantes ont été révélées sur l'ampleur du discours antisémite développé suite à cette affaire. Shlomit Hamer, directrice de la division de gestion de crise au ministère de la Diaspora, a présenté aux députés les conclusions du centre de contrôle et de surveillance établi par le ministère pour suivre les campagnes de propagande et l'antisémitisme en ligne pendant la guerre.
Elle a rapporté que l'expression « Sde Teman concentration camp » (camp de concentration de Sde Teman) est devenue un symbole anti-israélien majeur, avec une diffusion massive et un potentiel de dommage considérable.
« Nous avons constaté que plusieurs expressions et narratifs ont pris de l'ampleur sur les réseaux, et le principal d'entre eux est l'image de Sde Teman comme camp de concentration », a souligné Hamer. « Israël est accusé de viols délibérés, et nous constatons que l'exposition aux messages et à ce discours est sans précédent. »
Les données publiées révèlent qu'entre le 28 juillet 2024 et le 9 août 2024, l'expression est apparue 88500 fois sur la plateforme X et a généré plus de 92,8 millions de vues.
Sur une période plus étendue – du 28 juillet 2024 au 3 novembre 2025 – plus de 368100 occurrences de l'expression en anglais ont été détectées, totalisant 129,8 millions de vues.
Le rapport indique également que la majorité des partages de contenu proviennent d'utilisateurs basés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Inde et au Canada.
L'étude identifie plusieurs comptes majeurs contribuant à la diffusion de ce discours : certains sont associés à des mouvements pro-palestiniens radicaux, d'autres au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), et il existe également des influenceurs disposant de dizaines de milliers d'abonnés.
Lors du débat ce matin à la Knesset, auquel la conseillère juridique du gouvernement avait été convoquée mais a refusé de se rendre, l'adjoint au censeur militaire de Tsahal a été interrogé. Les présidents de la séance, les députés Simha Rotman et Boaz Bismuth, ont cherché à savoir si la censure militaire avait autorisé la diffusion de cette vidéo sur la chaine israélienne N12 et si non, est-ce que des sanctions ont été prises contre la chaine. L'adjoint au censeur, Ron Karnielli, a refusé de répondre dans le cadre du forum del a réunion et a réclamé une audience à huis clos pour pouvoir développer le sujet. Il a, néanmoins, estimé que pour son service la vidéo ne mettait en péril la sécurité de l'Etat.
Boaz Bismuth a annoncé qu'une audience à huis clos aurait bien lieu dans les prochains jours pour éclaircir ces points.