Sécurité

Entre désarmement et sécurité : le dilemme américain sur Rafah

Les États-Unis tentent d’imposer à Israël une sortie encadrée des combattants du Hamas retranchés sous Rafah, une initiative censée ouvrir la voie à un désarmement progressif à Gaza — mais qui divise profondément Jérusalem.

2 minutes
6 novembre 2025

ParDelphine Miller

Entre désarmement et sécurité : le dilemme américain sur Rafah
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L’administration du président Donald Trump exerce une forte pression sur le gouvernement israélien pour qu’il autorise la sortie d’environ 200 militants du Hamas coincés dans les tunnels de Rafah, du côté israélien de la « ligne jaune ».
Le plan américain prévoit que ces hommes se rendent, déposent leurs armes sous supervision américaine à un centre installé à Kiryat Gat, puis soient transférés vers un pays tiers ou renvoyés dans une zone contrôlée par le Hamas.

Selon Washington, il s’agirait d’un projet pilote : une « opération test » destinée à expérimenter un mécanisme de démilitarisation progressive à Gaza. Un haut responsable américain a résumé la logique : « Nous voulons que ce soit un essai, qui pourrait être élargi à d’autres zones. »

Mais en Israël, la proposition suscite la méfiance. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les chefs de la sécurité redoutent qu’un tel geste soit perçu comme une capitulation morale. Plusieurs des hommes retranchés dans ces tunnels seraient impliqués dans des attaques contre des civils israéliens, et l’armée estime que le corps du lieutenant Hadar Goldin pourrait se trouver dans la même zone. « Libérer » ces terroristes sans contrôle serait politiquement explosif.

Des médiateurs turcs participent en parallèle aux discussions entre Israël et le Hamas. Le chef du renseignement turc, selon certaines sources régionales, jouerait un rôle discret dans la recherche d’un compromis — bien que son implication n’ait pas été officiellement confirmée.

Pour Washington, cette opération servirait de précédent vers un futur modèle de désarmement :
– identification et encerclement des combattants dans les tunnels ;
– dépôt d’armes sous supervision internationale ;
– transfert sécurisé hors de la zone ;
– extension possible du modèle à d’autres poches du Hamas.

Israël, de son côté, insiste pour que toute solution soit liée au dossier des otages et à la sécurité sur le terrain. L’État hébreu redoute de voir ses adversaires utiliser cette initiative comme une victoire symbolique, au moment où la société israélienne reste profondément marquée par les pertes et les enlèvements.

À ce stade, Jérusalem n’a pas accepté la proposition américaine, et les négociations continuent. Entre la volonté de Washington de créer un précédent diplomatique et la prudence israélienne face à la réalité sécuritaire, Rafah s’impose désormais comme un test à haut risque — pour les deux alliés.

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