Israël

Procès Netanyahou: le témoin qui continue de provoquer des secousses

Le témoignage de Tzahi Havkin, l'enquêteur clé dans les affaires Netanyahou continue de provoquer des secousses.

3 minutes
9 novembre 2025

ParGuitel Benishay

Procès Netanyahou: le témoin qui continue de provoquer des secousses
Photo by Reuven Kastro/POOL

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Le témoignage du commissaire principal Havkin continue de secouer les "dossiers 1000, 2000 et 4000" : lors de son audition ce dimanche devant le tribunal de district, l'enquêteur a reconnu que la police n'avait examiné que la notion de "couverture médiatique favorable" concernant l'enquête sur le Premier ministre Binyamin Netanyahou et ses relations avec les médias.

Poursuivant son interrogatoire, l'avocat Amit Hadad a demandé si la police avait également enquêté sur la notion de "couverture disproportionnée" (des médias), telle qu'elle figure dans l'acte d'accusation. La réponse de l'enquêteur principal a surpris : "Qu'est-ce qu'une couverture disproportionnée ?"

Me Hadad a insisté : "Vous n'avez jamais enquêté sur une couverture disproportionnée ?" Havkin a répondu : "Je ne sais pas ce que c'est – une couverture disproportionnée nécessite une comparaison avec quelque chose." L'avocat a alors demandé : "Confirmez-vous que vous n'avez jamais enquêté ni tenté d'établir une base de comparaison – ni avec d'autres chaînes, ni avec d'autres hommes politiques ?" L'enquêteur principal a confirmé : "Jamais."

Pour rappel, au début de la procédure, le Parquet avait déposé un acte d'accusation contre le Premier ministre pour avoir bénéficié d'une "couverture médiatique favorable" de la part des médias israéliens en échange de faveurs pour ces mêmes médias ou leurs propriétaires. Mais après l'ouverture du procès, les juges ont exigé des clarifications sur ce terme au regard des preuves présentées. En réponse, le Parquet a demandé à modifier l'acte d'accusation, remplaçant "couverture favorable" par "couverture disproportionnée", affirmant ainsi que si tous les hommes politiques se servent des médias pour se présenter sous un beau jour, le Premier ministre aurait fait usage de ces méthodes de manière exagérée par rapport aux autres ce qui justifierait la qualification de ''corruption''.

L'enquêteur a également admis : "Nous n'avons jamais vérifié les 315 cas qui figurent dans l'acte d'accusation, nous ne les avons pas examinés en temps réel et je ne les connaissais même pas au moment de l'enquête."

Extrait de l'interrogatoire :

Juge : Vous n'avez pas résumé dans votre synthèse quels sont ces 315 cas constituant un pot-de-vin présumé ?

Havkin : Exact.

Juge : Même pas une centaine de cas ?

Havkin : Un ordre de grandeur de 10 à 15 cas.

Juge : Vous n'avez jamais enquêté sur 315 cas ?

Havkin : Exact.

Juge : Je dis que le Premier ministre n'a pas été confronté à 315 cas, ni même à 15. Nous en avons compté 10. Pourquoi n'avez-vous pas présenté 315 cas au Premier ministre ?

Havkin : Parce que je ne connaissais pas les 315 en temps réel. Nous n'avons jamais vérifié les 315 cas qui figurent dans l'acte d'accusation, nous ne les avons pas examinés en temps réel et je ne les connaissais même pas au moment de l'enquête.

Ce témoignage soulève des questions majeures sur la solidité de l'instruction et sur la manière dont l'accusation centrale contre le Premier ministre a été construite, alors que l'enquêteur principal reconnaît ne pas avoir examiné la grande majorité des cas mentionnés dans l'acte d'accusation.

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