Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a réaffirmé ce lundi son opposition à la création d’une commission d’enquête d’État indépendante sur les défaillances ayant conduit au massacre du 7 octobre 2023. Il s’exprimait devant la Knesset, lors d’un débat spécial dit des « 40 signatures », convoqué à l’initiative de l’opposition.
Les familles du « Conseil d’octobre », représentant les proches des victimes et des otages, avaient appelé avant la séance à la création d’une telle commission, affirmant que « seule une enquête d’État indépendante est acceptable pour la majorité des citoyens ».
Dans son discours, Netanyahou a comparé l’enquête réclamée sur le 7 octobre à celle concernant la fuite de la vidéo dans l'affaire Sde Teman, arguant que la question centrale n’était pas « qui fait l’objet de l’enquête, mais qui mène l’enquête ». Selon lui, une commission « rejetée par la moitié de la population » ne ferait qu’approfondir les divisions. Le Premier ministre a plaidé pour « une commission équilibrée, fondée sur un large consensus », tout en refusant que sa composition soit décidée par la Cour suprême, comme le prévoit la loi actuelle.
Netanyahpu a également évoqué la guerre en cours à Gaza, qu’il a qualifiée de « guerre juste et nécessaire », et promis que « le Hamas sera désarmé et Gaza démilitarisée, par la voie diplomatique ou par la force ».
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid (Yesh Atid), a accusé le Premier ministre de fuir ses responsabilités : « Celui qui était en fonction le 7 octobre ne pourra jamais s’en dédouaner. » Lapid a dénoncé « un système corrompu jusqu’à la moelle », accusant le gouvernement de détourner l’attention publique pour « faire oublier le 7 octobre ».
D’autres élus de l’opposition, dont Avigdor Lieberman (Israel Beiteinou) et Naama Lazimi (Démocrates), ont également réclamé la création d’une commission d’État, promettant qu’elle permettrait d'« interroger tout le monde » et de "tirer des conclusions visant des individus".
Les familles ont réagi avec colère aux propos du Premier ministre, estimant qu’il avait « franchi une ligne rouge ». Dans un communiqué, elles ont affirmé : « Lorsqu’un Premier ministre choisit de dissimuler plutôt que d’enquêter, il se bat non pas pour la sécurité d’Israël, mais contre ses citoyens. »
Certaines familles ont été empêchées d’assister au débat pendant plus d’une heure avant d’être finalement autorisées à entrer dans la tribune de la Knesset. En mars, lors d’un précédent débat sur le même sujet, elles avaient tourné le dos à Netanyahou, provoquant leur expulsion temporaire par les services de sécurité.
Selon des révélations de la chaîne Ynet, le chef du gouvernement étudie plusieurs options pour modifier la loi encadrant les commissions d’enquête d’État, notamment la suppression de l’article permettant à ces commissions de formuler des recommandations personnelles contre des responsables politiques ou militaires.
Le Premier ministre envisagerait également de retirer au président de la Cour suprême la prérogative de nommer les membres du comité d’enquête, au profit d’un mécanisme de désignation partagée entre le gouvernement, l’opposition et la magistrature.
Ces projets interviennent alors que la Haute Cour de justice a exigé du gouvernement qu’il présente, d’ici la mi-novembre, un plan concret pour la création d’une commission d’enquête sur les événements du 7 octobre.