Sécurité

Tsahal reconnaît un échec systémique dans ses propres enquêtes sur le 7 octobre

Le rapport dénonce des échecs structurels : « Ce n’est pas une question d’individus, mais de culture. »

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10 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Tsahal reconnaît un échec systémique dans ses propres enquêtes sur le 7 octobre
Etat-major de Tsahal Photo : Tsahal

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L’armée israélienne a publié ce lundi soir un rapport interne accablant remis au chef d’état-major Eyal Zamir. Le document conclut que Tsahal a non seulement échoué lors des événements du 7 octobre 2023, mais également dans sa capacité à enquêter sur ses failles.

Rédigé par une commission dirigée par le général de division (rés.) Sami Turgeman, l’audit interne révèle que cinq enquêtes sur les attaques menées dans les localités frontalières ont été rejetées d’emblée, dix jugées incomplètes et seulement neuf considérées comme conformes. La conclusion principale du rapport pointe « une culture organisationnelle défaillante » empêchant l’armée de tirer les leçons de ses erreurs.

« Une culture qui empêche la vérité »

Le rapport ne portait pas sur les événements du 7 octobre eux-mêmes, mais sur la qualité des enquêtes menées par Tsahal depuis. Ses conclusions dressent le portrait d’une armée minée par le conformisme et l’absence de critique interne.

« L’un des problèmes les plus graves mis en lumière est une culture qui préfère l’acquiescement à la vérité et la loyauté aveugle à la responsabilité », écrit le général Turgeman. Selon lui, cette incapacité à remettre en question les décisions a contribué à l’ampleur du désastre du 7 octobre.

Parmi les enquêtes jugées « rouges », donc à reprendre entièrement, figurent celles portant sur la planification opérationnelle de l’état-major, la défense navale, la chaîne décisionnelle durant la nuit du 7 octobre, ainsi que les analyses stratégiques globales.

Plus inquiétant encore, six domaines cruciaux n’ont fait l’objet d’aucune investigation : le fonctionnement de l’état-major général, la coopération entre Tsahal, le Shin Bet et la police, la compétence des forces terrestres, le rôle du coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires, l’échec à anticiper le plan du Hamas baptisé « Mur de Jéricho », et la gestion du risque de guerre sur plusieurs fronts.

Des failles dans toutes les branches

Le rapport souligne des erreurs graves à chaque niveau de commandement. L’état-major aurait sous-estimé la menace et échoué dans son processus décisionnel. Le renseignement militaire (AMAN) n’a pas émis d’alerte malgré les signaux reçus. Le Commandement Sud a failli dans la défense du sud du pays, et l’armée de l’air n’était pas préparée à une attaque à basse altitude.

Turgeman souligne que ces échecs ne sont pas seulement tactiques mais structurels : « Ce n’est pas une question d’individus, mais de culture. »

Face à ces constats, le chef d’état-major Eyal Zamir a déclaré qu’il « convient de créer une commission d’enquête externe, mais non étatique », afin de garantir l’indépendance du processus. « Nous faisons face à un échec grave, qui a coûté des vies et a fait des otages. Notre devoir n’est pas de le minimiser, mais d’en tirer toutes les leçons », a-t-il déclaré.

Le rapport de 140 pages, rédigé par 14 experts issus de toutes les branches de Tsahal, résume quatre conclusions majeures : l’armée n’était pas préparée à une guerre surprise ; aucun avertissement n’a été donné ; les commandants ont échoué dans leur préparation et leur gestion de crise ; et une refonte culturelle profonde est nécessaire.

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