Israël

7 octobre: rapport sévère du contrôleur de l'Etat contre l'échelon politique

Le Contrôleur de l’État israélien a publié mardi après-midi un rapport exceptionnellement critique sur la doctrine sécuritaire de l'Etat.

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11 novembre 2025

ParGuitel Benishay

7 octobre: rapport sévère du contrôleur de l'Etat contre l'échelon politique
Matanyahou Engelman. Photo by Chaim Goldberg/Flash90

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Le Contrôleur de l’État israélien, Matanyahou Engelman, a publié ce mardi après-midi un rapport exceptionnellement critique, affirmant que l’État d’Israël agit depuis sa création sans doctrine nationale de sécurité formelle et contraignante.

Selon le rapport, malgré des tentatives répétées de la part des différents gouvernements et des institutions de défense pour établir une stratégie directrice, aucun document officiel n’a jamais été adopté pour encadrer la construction des forces, leur emploi, la répartition des ressources et la coordination entre les niveaux politiques et militaires.

À défaut, Israël s’est appuyé sur une doctrine non écrite héritée de David Ben Gourion, fondée sur le triptyque dissuasion, alerte précoce et capacité de victoire décisive.

Le contrôleur estime que l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a mis en lumière l’échec de ces principes informels, notamment la dissuasion et la défense.
Selon lui, si une doctrine nationale de sécurité formelle avait existé, l’armée et les services de sécurité auraient probablement préparé différemment la défense de la frontière avec Gaza.

Le rapport souligne également que la stratégie présentée par le Premier ministre Binyamin Netanyahou sous le nom de « Vision de sécurité 2030 », axée sur la dissuasion, l’alerte précoce et la capacité de défense, n’a pas résisté à l’épreuve des faits.
Le contrôleur en conclut à l’urgence d’établir une doctrine cohérente et juridiquement valide.

L’absence d’une conception claire de la sécurité nationale affaiblit la capacité du pouvoir politique à orienter l’armée, à exercer un contrôle et à fixer des priorités cohérentes.
L’armée israélienne, selon le rapport, est souvent contrainte de « deviner » les intentions du gouvernement à partir de déclarations publiques ou de débats informels, puis de bâtir ses plans opérationnels sur cette base incertaine.

Dans leurs réponses au contrôleur, Tsahal et le Mossad ont reconnu la nécessité urgente d’une telle doctrine.
L’armée estime qu’elle constituerait une base claire pour la coordination avec le gouvernement et l’élaboration de stratégies, tandis que le Mossad souligne qu’un cadre national de sécurité permettrait d’améliorer la transparence, la prise de décision et la coopération interinstitutionnelle.

Le contrôleur appelle le Premier ministre et le gouvernement à adopter sans délai une doctrine nationale de sécurité contraignante, définissant :

  • les intérêts nationaux essentiels,

  • les menaces et défis majeurs,

  • la priorisation des ressources,

  • les principes de construction et d’emploi de la force,

  • et la politique à adopter vis-à-vis des ennemis et des alliés stratégiques.

Le rapport précise enfin que le Conseil de sécurité nationale doit jouer un rôle central dans ce processus, conformément à la loi sur la stratégie de sécurité nationale récemment entrée en vigueur.

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