Selon des contrats enregistrés au ministère américain de la Justice — des documents publics et vérifiés dans le cadre du Foreign Agents Registration Act (FARA) — Israël a engagé plusieurs firmes liées à l’écosystème trumpiste afin de renforcer sa présence dans l’espace public américain. Ces fichiers, accessibles sur la base de données officielle du DOJ, détaillent les prestations, les montants engagés, les objectifs d’audience et les modes d’action envisagés, offrant un rare aperçu d’une stratégie d’influence habituellement hautement confidentielle.
Parmi les prestataires figure Clock Tower X, dirigée par Brad Parscale, ancien stratège digital de Donald Trump. Le contrat stipule explicitement la production mensuelle de centaines de contenus pro-israéliens — vidéos, infographies, messages destinés à X, Facebook et TikTok — et l’objectif d’atteindre des dizaines de millions d’impressions. Les documents mentionnent également un volet dédié à l’optimisation des résultats de recherche et à l’ajustement des réponses d’intelligences artificielles, un domaine sur lequel Israël estime faire face à un biais croissant. Les annexes contractuelles incluent ainsi des lignes budgétaires consacrées à des outils de SEO agressif, à des campagnes d’amplification automatisée et à des tests de prompts destinés à vérifier l’évolution perçue du « sentiment pro-israélien » dans les réponses générées.
Une autre partie de cette offensive, confiée à Show Faith by Works, cible exclusivement les communautés chrétiennes : églises évangéliques, rassemblements religieux et universités confessionnelles dans l’Ouest américain. Les documents obtenus — incluant mémos internes et feuilles de route opérationnelles — détaillent l’usage du géorepérage : une technologie permettant de suivre et de cibler numériquement les fidèles présents dans un périmètre défini autour des lieux de culte aux heures d’office. L’objectif affiché est d’atteindre plusieurs millions de croyants, via des messages calibrés sur des thèmes bibliques, sécuritaires ou géopolitiques.
Ces campagnes s’inscrivent dans un contexte de chute de popularité mesurée par plusieurs instituts de sondage américains, en particulier chez les jeunes conservateurs dont une partie s’est rapprochée d’un isolationnisme renouvelé ou d’une vision critique de l’interventionnisme américain au Moyen-Orient. Une dynamique jugée préoccupante à Jérusalem, tant le soutien de la droite chrétienne pèse depuis des décennies sur la politique américaine vis-à-vis d’Israël.