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Israël, la Grèce et Chypre ont signé leur plan de travail trilatéral de coopération militaire pour 2026

Confirmée dimanche par Tsahal, cette signature illustre la volonté de Jérusalem de renforcer ses alliances régionales dans un environnement sécuritaire de plus en plus instable et ancre davantage Israël dans l’architecture stratégique de la Méditerranée orientale.

3 minutes
28 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Israël, la Grèce et Chypre ont signé leur plan de travail trilatéral de coopération militaire pour 2026
Israël, la Grèce et Chypre signent le plan de travail trilatéral de coopération militaire pour 2026, le 28 décembre 2025, crédit photo : Unité du porte-parole de Tsahal

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La signature intervient quelques jours après la visite en Israël du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et du président chypriote Nikos Christodoulides, reçus à Jérusalem par Benjamin Netanyahu pour un sommet consacré aux enjeux sécuritaires régionaux.

L'accord rendu public aujourd'hui, marque une nouvelle étape dans le renforcement stratégique entre les trois pays en Méditerranée orientale. Il prévoit notamment des exercices conjoints, des entraînements communs, la création de groupes de travail spécialisés ainsi qu’un dialogue militaire stratégique sur des dossiers d’intérêt commun.

En parallèle, les trois pays étudient la mise en place d’une force de réaction rapide conjointe, non permanente, capable d’être déployée rapidement en cas de crise terrestre, maritime ou aérienne.

La signature du plan de coopération militaire entre Israël, la Grèce et Chypre ne relève pas d’un simple exercice bureaucratique. Elle s’inscrit dans une recomposition stratégique accélérée de la Méditerranée orientale, où les équilibres traditionnels sont remis en cause par la guerre à Gaza, les tensions persistantes avec la Turquie et l’instabilité chronique au Levant.

Pour Israël, cet accord revêt une importance particulière. Depuis le 7 octobre, Jérusalem cherche à élargir son cercle de partenaires sécuritaires fiables, au-delà du soutien américain, dans un contexte de pression internationale accrue et de menaces multiples sur plusieurs fronts. La Grèce et Chypre apparaissent comme des alliés naturels : membres de l’Union européenne, stables politiquement, et eux-mêmes confrontés aux ambitions régionales d’Ankara.

Un message indirect à la Turquie

Même si aucun communiqué officiel ne la mentionne explicitement, la Turquie est au cœur de l’équation. La coopération trilatérale s’inscrit dans une logique de dissuasion collective face à l’expansion militaire, navale et aérienne turque en Méditerranée orientale, en Syrie et en Libye. Pour Israël, qui observe avec inquiétude le rapprochement stratégique entre Ankara et Damas, ainsi que la présence turque croissante en Syrie, ce partenariat constitue un levier de contrepoids régional. La perspective évoquée d’une force de réaction rapide trilatérale, même non permanente, envoie un signal clair : les trois pays entendent coordonner leurs réponses en cas de crise, sans dépendre exclusivement de mécanismes internationaux plus lents ou politiquement contraints.

Sur le plan opérationnel, cette coopération offre à Israël une profondeur stratégique essentielle. Les exercices conjoints, les échanges de renseignement et la coordination navale et aérienne renforcent la capacité de Tsahal à opérer dans un espace régional élargi, notamment en Méditerranée orientale, devenue un théâtre clé pour la sécurité énergétique, les flux commerciaux et la surveillance militaire. Elle consolide également l’axe Athènes–Nicosie–Jérusalem, déjà structuré autour de projets énergétiques, diplomatiques et sécuritaires, et contribue à ancrer Israël comme acteur central de la sécurité régionale, y compris aux yeux de partenaires européens.

Plus largement, cet accord illustre une tendance de fond : face au recul relatif des cadres multilatéraux classiques et à l’imprévisibilité de certains acteurs régionaux, les États de la Méditerranée orientale privilégient des alliances pragmatiques, ciblées et flexibles.

Pour Israël, la coopération avec la Grèce et Chypre n’est pas seulement une assurance militaire : elle participe à une stratégie de normalisation sécuritaire, visant à inscrire durablement le pays dans l’architecture régionale, au-delà du conflit israélo-palestinien.

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