International

Bruxelles veut s’installer dans le débat international sur l’avenir de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE examineront la semaine prochaine un plan visant à entraîner quelque 3 000 policiers palestiniens destinés à être déployés dans la bande de Gaza, une initiative qui s’inscrit dans les discussions internationales sur l’après-guerre, mais qui soulève encore de nombreuses questions politiques et sécuritaires.

2 minutes
14 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Bruxelles veut s’installer dans le débat international sur l’avenir de Gaza
Istock

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se pencheront la semaine prochaine sur une proposition visant à former près de 3 000 policiers palestiniens appelés à être déployés dans la bande de Gaza. Le projet, encore à un stade préliminaire, reflète la volonté de Bruxelles de peser davantage dans la discussion autour du « lendemain » du conflit. Une initiative qui intervient alors que les puissances occidentales cherchent à éviter deux scénarios jugés inacceptables : un retour du Hamas aux commandes du territoire ou une administration israélienne prolongée qui compliquerait tout cadre politique futur.

Depuis le début de la guerre, l’Union européenne peine à parler d’une seule voix. Entre États favorables à une ligne pro-israélienne, comme l’Allemagne ou la République tchèque, et ceux plaidant pour une reconnaissance accrue des aspirations palestiniennes, l’équilibre est fragile. L’idée fait écho à des programmes déjà conduits par l’UE et les États-Unis en Judée-Samarie dans les années 2000, où des forces de sécurité palestiniennes avaient été entraînées dans le cadre d’un renforcement de l’Autorité palestinienne.

Si l’objectif affiché est de permettre à des forces palestiniennes « modérées » d’assurer l’ordre à Gaza, plusieurs zones d’ombre demeurent : qui superviserait réellement ces policiers ? L’Autorité palestinienne ? L’UE via une mission civile ? Une coalition régionale ? ; Comment garantir leur légitimité sur le terrain ?
Gaza n’a pas été administrée par Ramallah depuis 2007. Leur présence pourrait être contestée. ; Le risque d’infiltration est-il maîtrisable ? Dans un territoire ravagé par 17 ans de contrôle du Hamas, la sécurité opérationnelle n’est pas acquise ; Le cadre politique existe-t-il vraiment ? Sans accord israélien et sans plan clair pour gouverner Gaza, toute force civile reste théorique.

En Israël, certains responsables politiques soutiennent l’idée d’un retour contrôlé de l’Autorité palestinienne. D’autres y voient une illusion dangereuse, estimant que Ramallah n’a ni l’autorité, ni la crédibilité, ni les capacités logistiques pour assumer Gaza.

Pour l’heure, la proposition européenne s’apparente davantage à une piste diplomatique qu’à un dispositif immédiatement applicable. Mais elle montre que Bruxelles veut s’installer dans le débat international sur l’avenir du territoire, à un moment où Washington, Le Caire et Doha occupent l’essentiel de l’espace médiateur. En soutenant la création d’une force civile palestinienne, l’UE cherche aussi à envoyer un message politique : l’après-guerre doit s’appuyer sur une solution palestinienne, et non sur des configurations temporaires qui perpétueraient le statu quo.

ActuJ
Tags