Judaïsme

Un ancien grand rabbin d'Israël suspecté de corruption, fraude et abus de confiance

L'enquête qui a duré trois ans a été menée sous couverture par l'unité Lahav 433

3 minutes
18 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Un ancien grand rabbin d'Israël suspecté de corruption, fraude et abus de confiance
Illustration. Photo by Flash90

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Trois ans après l'ouverture de l'enquête, l'Unité nationale d'enquêtes sur la fraude (Lahav 433) a bouclé son instruction et transmis le dossier d'un ancien grand rabbin d'Israël au parquet général pour décision. L'ancien grand rabbin d'Israël et ex-président du Conseil rabbinique, qui siège toujours comme juge au Grand Tribunal rabbinique, est soupçonné d'extorsion, menaces, corruption, fraude et abus de confiance.

Les éléments recueillis apportent des preuves tangibles renforçant les soupçons selon lesquels le rabbin suspecté aurait agi de concert avec deux autres rabbins pour tenter de faire chanter un juge rabbinique. Ce dernier était responsable des fonds de dotation au tribunal rabbinique de Tel Aviv et a dirigé pendant trois ans celui de Jérusalem.

L'enquête menée sous couverture contre les trois hommes fait craindre qu'ils aient abusé de leur position au sein des tribunaux rabbiniques et de leur influence pour servir leurs intérêts personnels en faisant pression sur le dayan.

Un litige autour d'un milliard de shekels

A l'époque des faits le Médiateur des juges a rejeté une plainte que le grand rabbin d'Israël de l'époque aurait déposée contre ce juge rabbinique, dans le but de faire nommer un autre magistrat pour traiter la question des dotations à Jérusalem.

Le médiateur, le juge à la retraite de la Cour suprême Uri Shoham, avait jugé parfaitement justifiées les décisions du dayan annulant la vente de deux importants fonds de dotation – le fonds du Comité général et le fonds Etz Chaim – dont la valeur des actifs dépasse le milliard de shekels. Ces fonds devaient être cédés pour un montant dérisoire à leurs propriétaires.

Dans sa décision, le juge Shoham s'était interrogé sur l'existence de personnalités influentes agissant dans l'ombre pour peser sur le grand rabbin d'Israël de l'époque et œuvrer à la destitution du juge rabbinique, qui avait bloqué cette transaction.

Un chantage présumé sur la prolongation de mandat

Plus tard, lorsque le mandat du dayan est arrivé à échéance et qu'une prolongation s'est avérée nécessaire, le grand rabbin d'Israël et deux autres personnes auraient tenté de le faire chanter : il devait retirer ses accusations s'il souhaitait voir son mandat au tribunal rabbinique reconduit.

Les parties sont finalement parvenues à un accord à l'amiable, mais cela n'a pas empêché la fuite de documents compromettants et l'ouverture d'une enquête policière en 2022.

Le dossier, initialement traité par le département économique du parquet d'État, a désormais été transmis au bureau du procureur général qui doit décider des suites à donner à cette affaire sensible touchant l'une des plus hautes autorités religieuses du pays.

Les avocats Amit Hadad et Eli Peri ont réagi en ces termes : « Le soupçon qui a fait l'objet de l'enquête et qui a été réfuté portait sur le fait qu'une lettre d'excuses aurait été exigée comme condition à une nomination – un acte qui, selon la police, constituerait une infraction de corruption. Il s'agit d'une allégation totalement infondée. Le tribunal, qui a examiné en profondeur l'ensemble du dossier d'enquête, a établi que le dossier probatoire est ténu et que l'affaire tout entière "ne tient qu'à un fil", selon ses propres termes. C'est pourquoi le tribunal a décidé d'interdire la publication des noms des personnes impliquées. Il a également été établi que l'ensemble du dossier repose uniquement sur un témoignage indirect du plaignant. Nous sommes convaincus que la vérité éclatera au grand jour et que le parquet adoptera la position du tribunal pour conclure qu'aucun manquement n'entache la conduite des rabbins. »

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