Dans sa déclaration, le ministère qatari des Affaires étrangères qualifie les actions israéliennes « d’escalade dangereuse » et appelle à une mobilisation régionale et internationale pour préserver le cessez-le-feu, qu’il présente comme une étape indispensable vers la fin de la guerre et l’instauration « d’une paix juste et durable ». Doha réaffirme également son soutien total au « combat palestinien » et à la « résistance ferme du peuple palestinien », en réinsistant sur son objectif : la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Le communiqué utilise le terme « sumud », concept emblématique de résilience palestinienne, devenu à la fois symbole identitaire et stratégie politique.
Mais c’est surtout l’omission totale du Hamas qui retient l’attention en Israël. Le Qatar fait porter l’entière responsabilité de la détérioration de la situation sur Israël, sans évoquer les agissements de l’organisation islamiste ni son rôle dans les affrontements récents.
Selon des sources politiques à Jérusalem, cette prise de parole s'inscrit dans un contexte diplomatique transformé. Depuis l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU — avec l’appui américain — d’une résolution renforçant la reconnaissance internationale d’un État palestinien, Doha se sent plus libre d’adopter un discours frontal vis-à-vis d’Israël, notamment en mettant davantage en avant la solution à deux États.
Malgré ce durcissement, le Qatar demeure un acteur clé dans les négociations entre Israël et le Hamas. Son rôle dans l’application du plan américain pour Gaza, combiné à son implication dans la reconstruction — tentes, infrastructures, éducation, soutien humanitaire — l’oblige à maintenir une ligne diplomatique délicate. Les récents bombardements israéliens ont toutefois mis Doha en difficulté sur le plan symbolique : très engagée sur le terrain à Gaza, la monarchie ne peut apparaître comme indifférente aux victimes civiles. La publication d’un communiqué particulièrement virulent serait donc, selon les analystes, une tentative de rééquilibrage.
Cette déclaration qatarie s’inscrit dans la continuité d’une « médiation biaisée qui soutient de facto le Hamas tout en ménageant les relations du Qatar avec les États-Unis et l’Europe. La résolution onusienne récente lui offre en outre un cadre plus large pour exprimer ouvertement son appui à la création d’un État palestinien. À Jérusalem, on observera dans les prochains jours si cette posture rhétorique plus agressive se traduira par un changement concret dans la médiation qatarie ou dans les efforts de reconstruction à Gaza.