Yifat Tomer Yeroushalmi, l'ancienne procureure militaire en chef, qui a reconnu avoir fait fuiter dans la presse une pièce à conviction confidentielle dans l'enquête sur la force 100 de Sdé Teman et d'avoir mentià la Cour suprême, est hospitalisée depuis 3 semaines.
Après deux tentatives de suicide, elle a été admise à l'hôpital Ichilov à Tel Aviv où elle se trouve toujours sans surveillance policière alors qu'une enquête est en cours contre ses agissements et qu'elle est présumée avoir chercher à dissimuler des preuves.
Cet état de fait n'est qu'un élément qui jette une ombre sur l'affaire la concernant et qui pourrait impliquer d'autres personnes haut placées dans la hiérarchie judiciaire, notamment la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav Miara.
Des questions autour de l'attribution de l'enquête au sein de la police
Le journaliste Avishai Grinzaig de la chaine i24 NEWS en hébreu, a révélé que depuis le début, une entente existerait entre certains éléments de la police et la conseillère Baharav Miara autour de cette enquête.
Le 16 octobre 2025, l'assistant du chef d'état-major Alon Laniado contacte le commissaire divisionnaire Meni Binyamin, commandant de Lahav 433 (principale unité d'investigation criminelle d'Israël, souvent décrite comme le FBI israélien), pour lui confier une enquête sensible et urgente. Un rendez-vous est fixé pour le dimanche suivant afin que le chef d'état-major expose personnellement le dossier, qui s'avérera l'affaire concernant la procureure militaire, Yifat Tomer Yeroushalmi.
Le dimanche matin, alors que Binyamin informe son homologue de la division des enquêtes internes, Boaz Blat, de cette rencontre imminente, les événements prennent un tour inattendu. Blat et son assistante Rinat Saban prennent contact avec l'assistant du chef d'état-major. Peu après, la réunion est brusquement annulée.
Selon les informations recueillies, cette annulation ferait suite à une intervention directe de la conseillère juridique Baharav Miara auprès du chef d'état-major : "Je prends cette enquête en charge. Annulez la réunion avec le commandant de Lahav 433. Tout doit passer par moi", lui aurait-elle ordonné.

Le commissaire Meni Binyamin. Photo by Yonatan Sindel/Flash90
Tentative d'imposer un enquêteur spécifique
Dix jours plus tard, le 26 octobre, Boaz Blat convoque Meni Binyamin à une réunion dans le district de Jérusalem, en spécifiant qu'il devra être accompagné du commissaire adjoint Momi Meshulem, celui-là même qui a mené les enquêtes contre le Premier ministre Netanyahou.
Cette exigence suscite l'opposition immédiate de Binyamin qui y voit une ingérence dans sa chaîne de commandement : "Tu ne vas pas me dicter quel officier je dois prendre. Momi dirige une petite unité avec des effectifs limités".
Face au refus de Binyamin d'accepter cette condition, Blat aurait brandi un ultimatum : "Soit tu viens avec lui, soit je transfère cette enquête ailleurs". La réponse de Binyamin est sans équivoque : "Je n'accepte pas de telles directives. Les enquêtes ne me manquent pas. Je ne sais même pas de quoi il s'agit. Merci beaucoup"".
Transfert au Malmab
En coordination avec la conseillère juridique Baharav Miara, Blat aurait alors décidé de retirer l'enquête à Lahav 433 pour la confier au Malmab, l'organisme chargé de la sécurité au sein de l'appareil de défense, une structure généralement peu exposée médiatiquement. Fait troublant : le responsable du Malmab aurait tenté de masquer l'implication de son service dans cette investigation.
Démenti officiel
Interrogée sur ces révélations diffusées par i24, la police israélienne a publié un communiqué laconique : "Nous ne commentons pas les échanges internes à l'organisation". La conseillère juridique du gouvernement a elle aussi démenti: "le journaliste a reçu des informations erronées et trompeuses" sans toutefois préciser quels éléments seraient inexacts.
Enquête contre Meni Binyamin
Parallèlement, le 13 novembre dernier, l'officier de police Meni Binyamin a été interpellé par la police des polices soupçonné d’abus de pouvoir et de manquement à son devoir.
Selon les autorités, Binyamin serait intervenu dans une affaire alors qu’il se trouvait en situation de conflit d’intérêts, sans en avertir sa hiérarchie. Il aurait tenté d’influencer la manière dont cette affaire était traitée par ses équipes.
À l’issue de son audition, le commissaire Binyamin a été relâché sous conditions restrictives pour 9 jours et suspendu provisoirement de ses fonctions.
Hier (dimanche), on apprenait que le chef de la police, Danny Levy, avait décidé de le réintégrer à son poste. Mais à la dernière minute, la police des polices (qui dépend du Parquet et donc de la conseillère juridique du gouvernement) l'a retenu pour un nouvel interrogatoire.
Convoqué pour ce qui devait être "un interrogatoire bref d'environ une heure", Binyamin s'est retrouvé questionné pendant huit heures. Selon son avocat Uri Korb, les conditions de détention auraient été particulièrement rigoureuses : aucune nourriture proposée durant toute la journée, tentative d'empêcher les consultations avec son conseil juridique.
Le point culminant de la tension est survenu lorsque Binyamin, après dix jours de liberté sans restriction, s'est vu soudainement imposer de nouvelles conditions de libération. Souhaitant consulter son avocat, il aurait vu son téléphone "arraché de force" par un enquêteur de la police des polices, selon les termes employés par son entourage.
Au cœur du différend : une condition de libération interdisant à Binyamin tout contact avec un officier placé sous ses ordres travaillant dans le même bâtiment. Considérant cette exigence "illégitime", le commissaire a d'abord refusé de signer, avant de céder "tout en protestant" face à la menace d'une arrestation formelle.
La police des polices maintient que "l'enquête a été menée de manière professionnelle et conformément aux dispositions légales". Il attribue le retard dans la procédure au "refus prolongé" de Binyamin de signer les conditions demandées, précisant qu'il a été "immédiatement libéré" dès son acceptation.