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Loi Bismuth: plusieurs députés et un ministre annoncent qu'ils voteront contre

La loi sur la conscription des orthodoxes porté par le député Boaz Bismuth est discuté ce lundi en commission à la Knesset.

3 minutes
1 décembre 2025

ParGuitel Benishay

Loi Bismuth: plusieurs députés et un ministre annoncent qu'ils voteront contre
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Les débats sont houleux ce lundi au sein de la commission Affaires étrangères et Sécurité de la Knesset où est présentée pour la première fois le projet de loi sur la conscription des orthodoxes porté par le député et président de la commission, Boaz Bismuth.

La loi est largement controversée y compris au sein de la coalition au pouvoir.

Le ministre Ofir Sofer (Hatsionout Hadatit) a annoncé lors d'un point presse ce matin qu'il voterait contre cette loi même au prix de perdre son siège de ministre. Selon lui, il s'agit d'une ''loi honteuse'' qui ne répond pas aux besoins de l'armée.

Sur la même ligne on trouve plusieurs députés de la coalition: Mihal Woldiger et Moshé Solomon (Hatsionout Hadatit) qui ont assuré qu'ils ne voteront pas le texte en l'état mais aussi Sharren Haskel, Yuli Edelstein, Dan Illouz ou encore les orthodoxes Meïr Porush et Itshak Goldknopf.

Bismuth a justifié son approche en invoquant des considérations identitaires : "Cette loi naît d'un besoin sécuritaire, mais je siège ici en tant que juif. L'étude de la Torah préserve le cœur de l'existence du peuple juif".

Cette position a déclenché une réaction véhémente d'Itzik Bonzel, père d'Amit, z'l, soldat tombé à Gaza : "Celui qui étudie vraiment la Torah, qu'il étudie. Mais celui qui traîne dans les rues doit être enrôlé. Il est temps d'exiger cette égalité".

Yuli Edelstein, membre de la coalition, qui a été évincé de la présidence de la commission Affaires étrangères et Sécurité pour sa position vis-à-vis de l'enrôlement des orthodoxes, a porté un jugement sévère : "L'objectif de cette loi est de préserver la coalition, certainement pas d'assurer la conscription. Le résultat sera une atteinte à la sécurité nationale".

Le chef de l'opposition Yair Lapid n'a pas mâché ses mots : "Ce que vous mettez sur la table est une loi d'esquive honteuse, une trahison envers nos combattants. Plus de 920 morts, plus de 20000 blessés ces deux dernières années, et vous les trahissez aujourd'hui".

Il a également souligné : "Le Premier ministre n'est pas là, le ministre de la Défense n'est pas là, Derhy n'est pas là. Personne ne veut toucher à cette loi. Ils vous ont laissé seul porter le déshonneur", a-t-il lancé à Boaz Bismuth.

Lapid a réfuté l'argument d'incompatibilité entre Torah et service militaire en évoquant les soldats religieux tombés au combat : "Celui qui prétend qu'il y a contradiction méprise l'étude de la Torah de Hadar Goldin, de Roy Klein, de tous ceux qui considéraient la défense d'Israël comme un commandement sacré".

Tsahal aussi s'oppose à cette loi et devrait officiellement le faire savoir devant la commission. Selon des sources militaires, la proposition actuelle ne répond ni aux besoins opérationnels ni aux exigences en effectifs pour les années à venir, dans un contexte où l'armée fait face à de multiples fronts simultanés.

Des experts juridiques consultés par les dirigeants parlementaires estiment que la Cour suprême pourrait non seulement invalider la loi, mais également ordonner sa suspension immédiate après adoption, une décision qui aurait des répercussions politiques majeures.

Le Premier ministre Netanyahou souhaite néanmoins faire adopter le texte d'ici environ six semaines. Pour tenter de compenser les défections, le président de la coalition Ofir Katz a ordonné à tous les députés du Likoud, même non-membres de la commission, de participer aux débats afin de contrebalancer les critiques. Mais avec une majorité parlementaire non garantie et une opposition affichée de l'armée, l'issue du processus législatif demeure incertaine.