Selon Abbas, le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahu pourrait chercher à exploiter le climat de tension qui règne dans la société israélienne depuis les massacres du 7 octobre pour délégitimer les partis arabes, voire tenter de les interdire. Il redoute une stratégie politique visant à exclure durablement les représentants arabes du jeu démocratique.
Ces déclarations interviennent après que Netanyahou a salué la décision de l’ancien président américain Donald Trump de classer les Frères musulmans comme organisation terroriste, promettant d’« aller jusqu’au bout » du processus d’interdiction. Une annonce perçue par certains comme une menace indirecte contre Ra’am. Mansour Abbas rejette toutefois toute affiliation de son parti avec les Frères musulmans et rappelle avoir appelé, début décembre, à une séparation formelle d’avec cette organisation ainsi que le Conseil de la Choura.
« Le gouvernement de Netanyahu tente de nous délégitimer. Il ne veut pas que nous ayons un rôle politique », affirme-t-il. Tout en condamnant à plusieurs reprises le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre, Abbas souligne que les partis arabes n’ont « pas le luxe d’ignorer la menace », estimant que le gouvernement actuel se comporte comme s’il était propriétaire de l’État.
Le dirigeant de Ra’am insiste cependant sur la résilience du tissu judéo-arabe en Israël. « La relation entre Arabes et Juifs s’est révélée plus forte que toutes les incitations à la haine », affirme-t-il, tout en avertissant que les enjeux n’ont jamais été aussi élevés. Selon lui, les partis arabes craignent de ne plus être autorisés à se présenter aux prochaines élections si la coalition actuelle se maintient au pouvoir. « Ils croient en un État juif, pas en un État juif et démocratique », tranche-t-il.
Pour Hassan Jabareen, directeur du centre juridique Adalah, « Netanyahu sait que son principal obstacle est le vote arabe ». Une situation inédite, selon lui, par rapport aux précédents cycles électoraux.
Mansour Abbas rappelle enfin qu’en 2021, Netanyahu avait lui-même cherché le soutien de Ra’am pour tenter de former une majorité à la Knesset. « Il m’a donné une légitimité politique, puis il s’est retourné contre moi », dit-il, estimant qu’après le 7 octobre, un partenariat entre Juifs et Arabes reste indispensable. Les deux communautés, conclut-il, portent aujourd’hui des traumatismes profonds : les Israéliens juifs après le massacre, les citoyens arabes d’Israël face à la montée du racisme et des violences dans le contexte de la guerre.