Selon une révélation du Wall Street Journal, cinq cheikhs éminents de la ville de Hevron ont exprimé leur volonté de s’affranchir de l’Autorité palestinienne pour établir une entité autonome et rejoindre les Accords d’Abraham, marquant ainsi un tournant politique potentiellement historique dans la région.
« Nous aspirons à la coopération avec Israël, » déclare le cheikh Wadi al-Jaabari, chef de l’un des clans les plus influents de Hevron. « Nous voulons le vivre-ensemble. »
Aux côtés de quatre autres chefs tribaux, le cheikh al-Jaabari a signé une lettre d’intention appelant à la paix et à la reconnaissance complète d’Israël en tant qu’État-nation du peuple juif. Le projet qu’ils portent propose de détacher Hébron de l’emprise de l’Autorité palestinienne, de créer une émirat indépendant local, et de nouer officiellement des relations pacifiques avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham.
Cette lettre, adressée au ministre de l’Économie Nir Barkat, fait suite à plus de dix rencontres tenues depuis février dernier entre Barkat et les cheikhs, souvent dans la résidence privée du ministre. Les signataires demandent à ce dernier de transmettre le document au Premier ministre Binyamin Netanyahou, et attendent désormais une réponse.
« L’Émirat de Hevron reconnaîtra Israël comme l’État-nation du peuple juif, » écrivent-ils, « et Israël reconnaîtra en retour l’Émirat de Hevron comme représentant légitime des populations arabes du district de Hevron. »
Ils proposent l’ouverture de négociations sur un calendrier d’intégration aux Accords d’Abraham et appellent à un nouvel accord politique « juste et équilibré », en remplacement des Accords d’Oslo, qu’ils accusent d’avoir entraîné « dommages, morts, effondrement économique et destruction ». Ils dénoncent une Autorité palestinienne « corrompue », imposée à la place d’une gouvernance traditionnelle tribale jugée plus légitime.
Dans une dimension plus concrète, les cheikhs proposent un programme d’intégration économique progressive, commençant par l’introduction de 1000 travailleurs de Hevron sur le marché israélien, suivi de 5000 autres. Selon eux, Barkat aurait évoqué la possibilité d’atteindre à terme un quota de 50000 travailleurs. Ils s’engagent par ailleurs à une politique de « tolérance zéro face au terrorisme parmi les employés », en opposition ouverte à la politique actuelle de l’Autorité palestinienne, qui, rappellent-ils, rémunère les auteurs d’attaques.
Barkat, qui agit avec l’aval du gouvernement israélien, défend cette initiative comme une alternative au « processus de paix traditionnel, qui a échoué ». Le Premier ministre Netanyahou, tout en restant prudent, soutient la démarche mais attend d’en observer l’évolution avant de s’engager davantage. À présent que le cheikh Jaabari rend publique cette initiative, le processus semble entrer dans une phase critique.